Pour mener à bien le "front anti-Berlusconi", la gauche italienne s'est choisi un nouveau leader en la personne de Pier Luigi Bersani, ancien communiste et plusieurs fois ministre sous Romano Prodi. Mais cela suffit-il pour abattre le Cavaliere que des histoires d'alcôves n'ont pas terrassées ? "Priorité au travail et à la lutte contre la précarité" : pour ses premiers mots en tant que nouveau secrétaire du Parti démocrate italien (PD), Bersani a donné le ton. Il est tant pour la gauche italienne de s'opposer au camp Berlusconi sur le fond, de ne plus pinailler sur sa vie privée, d'autant plus qu'il a toujours la baraka. Il est descendu dans les sondages après les révélations de starlettes, mais pas au point d'envisager la démission de la présidence du Conseil. Le nouveau boss de la gauche promet de ramener la politique aux fondamentaux. Ce qui en soi est un grand pas qui signifie que le mouvement est sorti de sa léthargie et qu'il n'est plus tétanisé par le berlusconisme. Le PD a gagné la première manche puisqu'il est parvenu à s'organiser. Ses militants et sympathisants, plus de 3 millions, ont voté pour Bersani après avoir déclaré par écrit partager les idées du parti et verser deux euros pour financer les primaires. Âgé de 58 ans, Pier Luigi Bersani a commencé sa carrière politique en s'engageant, très jeune, au Parti communiste. Il a ensuite été plusieurs fois ministre (Industrie, Transport et Développement économique) dans des gouvernements formés par Romano Prodi. Défenseur d'une conception plus traditionnelle du parti, Bersani souhaite ancrer celui-ci davantage dans la famille socialiste européenne et reconstituer une coalition électorale du type de l'Olivier avec l'Italie des valeurs de l'ancien juge Di Pietro, les centristes de l'UDC et ce qui reste de la gauche radicale. Mais le chemin de la reconstruction est encore long et les défis considérables. Bersani doit donner des réponses claires à une société tiraillée entre, d'une part, la peur, les crispations identitaires, les tentations au repli, la xénophobie, l'homophobie, l'individualisme incivique et, de l'autre, la volonté de s'insérer dans la globalisation, la quête de nouvelles solidarités, l'exigence de transparence, l'aspiration à une démocratie qui fonctionne, l'espérance notamment chez les jeunes de refonder l'Italie sur d'autres bases. Premier test, les régionales partielles de mars 2010, qui mesureront les rapports de force entre majorité et opposition et la popularité de Silvio Berlusconi. Bersani doit également balayer devant la porte du PD qui vient d'être secoué par des affaires de mœurs et de morale, tout comme Berlusconi.