“Nous exigeons maintenant que les partenaires étrangers travaillent avec les entreprises algériennes. C'est une décision politique sur laquelle nous ne bougerons plus”, a indiqué hier le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, à l'ouverture de la Bourse de coopération organisée par la chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie, hier à l'hôtel El-Djazaïr à Alger, à l'occasion de la visite du ministre de l'Economie, de l'Agriculture et de la Viticulture de la Rhénanie-Palatinat (Allemagne) en Algérie, accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires représentant 11 entreprises allemandes. “L'Algérie veut se doter d'une capacité de production qui soit efficiente”, précise M. Hamid Temmar pour expliquer la nouvelle approche de développement prônée par le gouvernement, à travers les mesures introduites dans la loi de finances, qui font que, désormais, l'investisseur étranger ne peut avoir plus de 49% dans un projet d'investissement en Algérie. L'objectif recherché par le gouvernement est de reconstruire, avec l'apport de l'investissement direct étranger minoritaire, la capacité de production du pays. “Ce n'est pas le retour à la logique qui a prévalu durant les années 1970”, souligne M. Temmar. “Nous voulons une gestion privée des entreprises”, a-t-il ajouté. En d'autres termes, pour l'entreprise allemande, qui souhaite investir avec un partenaire algérien même s'il ne possède que 49% du capital, le gouvernement lui confie, sur au moins 10 ans, “la totalité de la gestion de l'entreprise”. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements affirme que dans les premières discussions menées avec les entreprises allemandes, il a rencontré “une très grande compréhension”. Le gouvernement semble adopter une autre approche en matière de gestion des réserves de changes. “L'Algérie a de l'argent. Que faire de cet argent ? Le mettre à l'extérieur, le déposer en bons de Trésor américain, allemand ou européen ? Ou faut-il l'utiliser pour le pays ?” s'est interrogé le ministre. Jusqu'à maintenant, la logique suivie consistait à placer l'argent à l'extérieur en même temps ouvrir le pays pour attirer les investisseurs étrangers. “Ce schéma n'a pas fonctionné”, a reconnu le ministre. Du moins, les investissements reçus par l'Algérie n'ont pas été dans les secteurs voulus. “Avec la crise, il est même tout à fait certain qu'il est difficile de trouver des investisseurs qui vont venir investir de grosses sommes d'argent. C'est la raison pour laquelle, puisque nous avons cet argent, au lieu de le déposer pour des intérêts extrêmement faibles, il vaut mieux l‘utiliser dans le pays”, a estimé M. Temmar. Ce qui est demandé, aujourd'hui, aux investisseurs étrangers, ce n'est plus un apport en capitaux, mais un transfert de technologie, en savoir- faire et en formation. Le ministre de l'Industrie indique que depuis 10 ans, l'Algérie s'est préoccupée de réorganiser le cadre général de son économie. “Nous avons avancé sur certains fronts sur le plan institutionnel, mais sur le plan de la production, notre économie reste essentiellement pétrolière”, a-t-il affirmé. On se rend compte aujourd'hui que “l'essentiel n'est pas seulement dans le cadre du fonctionnement de l'économie nationale, mais le plus important est de relancer l'appareil de production”. Du coup, l'Algérie a décidé, enfin, de traiter ce qui reste des entreprises publiques en désinvestissement depuis des années, de mettre à niveau les entreprises privées pour construire des capacités de production, en partenariat avec des entreprises étrangères à même de faire sortir notre pays de sa dépendance des hydrocarbures. Les Allemands affirment s'inscrire depuis longtemps dans cette logique Le directeur de la Chambre de commerce algéro-allemande a souligné que tous les investissements réalisés en Algérie se sont inscrits dans cette logique. “L'économie allemande s'est toujours engagée à établir des partenariats à long terme en s'investissant dans la formation, le transfert de savoir-faire et la création de postes d'emploi durable”, a souligné M. Andres Hergenröther. Les investissements allemands en Algérie comme Linde, Siemens, Henkel, DHL et notamment Knauf, témoignent de cette stratégie. Knauf, par exemple, a réalisé en 2007 un centre de formation qui a permis la formation de nombreux Algériens. “Tous les engagements allemands en Algérie ont contribué à la création d'emplois et au transfert de technologie et ils ont été, aussi, accompagnés des initiatives de formation et de transfert de technologie”, a ajouté M. Andres Hergenröther, relevant que les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Allemagne se sont approfondis ces dernières années. Durant les neuf premiers mois de l'année en cours, les exportations allemandes vers l'Algérie ont augmenté de 19% pour atteindre 2,044 milliards de dollars. “La Chambre algéro-allemande, forte de 620 sociétés adhérentes, œuvre pour promouvoir des partenariats gagnant-gagnant, en encourageant les entreprises allemandes à s'investir dans la formation, dans le transfert de savoir-faire et de la technologie”, a conclu M. Andres Hergenröther, soulignant la nécessité “d'un climat de confiance et de sécurité juridique”.