Cet artiste d'un rare talent mérite un vibrant hommage à la hauteur de l'homme : celui qui a donné son nectar au septième art durant les années de braise aux côtés des grands du cinéma algérien. Il était parmi les précurseurs de la production cinématographique. Smaïl Aït Si Selmi, surnommé dans le monde de l'art et du journalisme Banzo, s'est éteint jeudi dernier à Paris, en France, laissant derrière lui une œuvre aux multiples dimensions et empreinte de succès. “The End.” Tomber de rideau pour un homme qui a sillonné les quatre coins de la planète, dernier générique pour un talentueux artiste qui a su donner tout son cœur à la manivelle pour faire du cinéma algérien une véritable vitrine de l'art algérien tant au Maghreb qu'en Méditerranée, mais surtout dans le monde. Directeur de production, Smaïl Aït Si Selmi, pur produit de l'école scolastique, avait assisté au tournage de plusieurs grandes œuvres, comme l'Opium et le bâton, avec le géant de la réalisation Ahmed Rachedi. Ami intime de l'auteur du célèbre roman de même nom, feu Mouloud Mammeri, il avait côtoyé les meilleurs scénaristes et producteurs de ce monde. Son engouement à percer les secrets du septième art, mais aussi du journalisme, lui a valu plusieurs titres avant d'être haussé au rang de directeur d'importantes institutions de l'Etat, en l'occurrence en qualité de directeur du Centre algérien de l'art et de l'industrie cinématographique (Caaic) et de l'Agence nationale des actualités filmées (Anaf). Très connu sur les plateaux de télévision, il était également producteur, en 1985, de la Dernière image, réalisé par Mohamed Lakhdar-Hamina. Les Philipe Charigot et autre Jean-Claude Carrière étaient aux côtés d'un producteur aguerri aux techniques du cinéma et de la production. Fin artiste, Smaïl Aït Si Selmi mettait en veilleuse tout son talent pour changer de look au cinéma algérien, donner sa vraie image dans les forums occidentaux et vanter la grandeur des artistes algériens qu'il avait connu et fréquenté. Ayant soutenu plus d'une cinquantaine de films depuis l'indépendance de l'Algérie, ce grand du cinéma était très estimé pour sa modestie, sa franchise et sa compétence. Au milieu des années 1970, il était sollicité par une équipe de cinéastes et de producteurs du cinéma français au tournage d'un court métrage à Relizane. Sur le tas, il avait charmé ses homologues repartis avec la seule idée de revenir en Algérie pour virevolter d'autres aspects panoramiques d'un beau pays qu'il portait dans son cœur. Générique final pour un homme, mais pas pour ses œuvres, Smaïl Aït Si Selmi sera enterré, aujourd'hui, au cœur du Djurdjura, au village Tazrout (Tabouhset), à Abi Youcef, à 11 km d'Aïn El-Hammam (Tizi Ouzou). Contacté avant l'arrivée de la dépouille mortelle à l'aéroport international d'Alger, son petit neveu, Djillali Arab, nous avoue que “Smaïl Aït Si Selmi était un homme et un artiste complet. C'était un vrai intellectuel qui écoutait beaucoup et qui parlait peu. C'était un observateur qui avait un regard différent sur la vie et sur la chose. C'est une perte pour sa famille, pour le cinéma et pour toute l'Algérie”.