Ces manifestations sont annoncées pour le 14 août et ont pour objet de protester contre le parti pris de l'administration et les agissements du clan présidentiel. Ces marches augurent d'un bras de fer entre les deux parties pour la course à la présidentielle de 2004. Le FLN marchera le 14 août prochain à Alger. Cette marche, qui s'ébranlera de la place de 1er-Mai en direction du ministère de l'Intérieur, sis à l'intérieur même du Palais du gouvernement, rassemblera entre 15 000 et 20 000 militants, selon les estimations des responsables du parti. Manifestement, le FLN veut croiser le fer avec le ministère de l'intérieur et, au-delà, la présidence. C'est la coordination des kasmas d'Alger qui a pris cette initiative en réaction aux tentatives d'invalidation du VIIIe congrès du FLN et à l'implication de l'administration dans les manœuvres visant à déstabiliser le parti. Hier, la direction du FLN s'est voulue plus loquace. “Ils permettent à des gens qui n'ont rien avoir avec le FLN de parler au nom du parti. L'administration leur donne des autorisations pour tenir des rencontres et des rassemblements, soit au nom du FLN ou parfois en utilisant d'autres sigles, pour s'attaquer, dans les deux cas, à notre parti”, a expliqué le chargé de la communication du parti, Abdesslam Medjahed. Il cite, dans ce cadre, plusieurs exemples concrets : “L'administration a donné des autorisations pour des rencontres à travers tout le territoire national pour jeudi prochain, au nom du FLN. Mais officiellement, notre parti n'a introduit aucune demande d'autorisation.” Il enchaîne : “Je vous cite également le cas d'une rencontre tenue, la semaine dernière, à la Maison de la culture de Tlemcen par un groupe d'individus étrangers à notre parti, mais faite au nom du FLN.” “Les militants du FLN qui ont voulu intégrer la salle n'ont pu le faire parce que même la police a pris partie aux côtés des usurpateurs du sigle du FLN.” Cette implication de l'administration s'était également clairement vérifiée, lors de la rencontre de Ibn-Khaldoun à Alger, le 24 juillet dernier. La demande d'autorisation de la salle qui a été introduite au nom de l'union des médecins algériens (UMA) a été obtenue au bout de 24 heures. Ce qui constitue un record, mais en même temps une violation flagrante de la réglementation en vigueur en matière de délivrance des autorisations de salles. Simultanément à cela, Yazid Zerhouni s'affaire, via une cellule, créée au niveau de son ministère, à invalider les résultats du VIIIe congrès du parti majoritaire. Il a d'ailleurs confectionné un formulaire-type à travers lequel les mécontents des résultats du VIIIe congrès peuvent introduire des recours. Il leur a même dédié un fax pour réceptionner les recours. “Zerhouni et consorts veulent décider à la place des militants du FLN de l'invalidation du VIIIe congrès du parti”, martèle le porte-parole du FLN pour lequel de tels abus ne se sont déroulés nulle part ailleurs : “ça, c'est du jamais vu ! Même pas au Cambodge où un parti qui détient la majorité au niveau des assemblées locales élues et de l'assemblée nationale est aussi malmené que nous le sommes.” Et d'ajouter : “Ce sont ces autorités publiques, censées appliquer la loi, qui la violent en premier !” “C'est terrible, ce que nous vivons aujourd'hui”, fait-il remarquer. “Ils veulent quoi ces gens-là ?”, s'interroge-t-il tout en interpellant : “Qu'ils nous disent publiquement ce qu'ils veulent !” Est-ce Zerhouni qui est derrière cette implication de l'administration ? “Non !”, tranche M. Medjahed qui ajoute : “On la met sur le compte de Bouteflika !” “Pensez-vous que Zerhouni agit en son nom personnel ?”, interroge-t-il avant d'asséner : “c'est Bouteflika qui est derrière ces gens.” “ça se passe entre nous et Bouteflika !” Simultanément, par ailleurs, à Alger, le FLN organise, le même jour, deux autres marches à Oran et à Constantine. De sources proches du parti, il s'avère que le choix de tenir ces marches le 14 août prochain s'explique par la multitude de rencontres qu'organise le cercle présidentiel ce jour-là et qui se feront au nom du FLN. Par ailleurs et en cas de refus de la demande d'autorisation déposée hier auprès de la wilaya d'Alger, “on marchera quant même !”, tranche M. Medjahed qui explique qu'actuellement “la seule manière de nous défendre est de sortir dans la rue”. N. M.