Une voiture piégée a explosé hier après-midi devant l'hôtel Mariott de la capitale indonésienne, tuant dix personnes et blessant une centaine d'autres, en plus des dommages considérables causés à l'édifice. L'Indonésie est à nouveau secouée par ce genre d'attentats terroristes, dont le précédent à Bali en octobre 2002 avait fait plus de 200 morts. Les doigts ont été rapidement pointés hier vers la Jemmaah Islamiyah, après l'attentat de la voiture piégée qui a visé l'hôtel Mariott de Djakarta, même si le ministre indonésien de la défense, Matori Abdu Al Jallil, s'est refusé de l'imputer à ce groupe. Cette accusation est justifiée par la coïncidence de l'attaque avec le verdict contre les islamistes accusés d'avoir perpétré l'attentat de Bali le 12 octobre 2002. Selon les témoins, la déflagration qui a eu lieu à proximité de l'établissement hôtelier sérieusement endommagé, a également touché une institution américaine et d'autres immeubles, situés dans le district d'Auningang au sud du centre de la capitale indonésienne. D'après les communications radios d'un officier de police, entendues à distance, ce sont trois explosions qui se sont produites, dont l'une au complexe commercial proche du Mariott, au Mutiara Plazza. Réputé être un quartier d'affaires, l'endroit de l'explosion n'est pas loin des ambassades étrangères. Le majestueux hall de l'hôtel Mariott, haut de trente-trois étages, a été entièrement détruit par la déflagration. Plusieurs voitures, en majorité des taxis ont pris feu après l'explosion. Le chef de la police nationale, le général Da'Bachtiar, a indiqué que la bombe était placée dans une camionnette " kijang " de fabrication locale. Il a précisé que malgré la présence de nombreux morceaux de cadavres sur le lieu de l'attentat, rien n'indiquait pour l'instant qu'il s'agissait d'un attentat suicide. D'après les témoignages de grandes scènes de panique ont suivi la déflagration. "Une de mes fenêtres a volé en éclats sous la force de l'explosion et j'étais au trentième étage. Nous avons dû prendre les escaliers pour descendre. C'était la panique et une fois en bas, j'ai vu plusieurs personnes blessées, en particulier des cuisiniers du restaurant, couverts de sang " raconte un des locataires de l'hôtel. Une journaliste indonésienne affirmait avoir vu plusieurs taxis en feu et des étrangers grièvement blessés. Selon le dernier bilan, trois étrangers font partie des dix morts. L'attentat commis à deux jours du verdict du procès de l'attentat de Bali, commis également à l'aide de voitures pièges télécommandées. L'enquête menée par la police avait permis de mettre en cause la Jemmaah Islamiyah, organisation terroriste régionale, soupçonnée d'avoir des liens avec la nébuleuse Al Qaïda, bien implantée en Indonésie, premier pays musulman de la planète. Il y a lieu de signaler que l'acte terroriste intervient alors que le procès du leader de la Jemmaah Islamiyah, Abu Bakar Al Bashir, doit reprendre. Il est accusé d'avoir participé à un complot visant à assassiner la présidente indonésienne, Megawati Sukarnoputri. K. A.