En Algérie, la perte massive d'emplois, durant les années 90, conséquence directe de l'application du programme d'ajustement structurel, a incité la mise en place de dispositifs devant freiner la régression du marché du travail. C'est ainsi que près de 200 000 travailleurs, licenciés pour raison économique, ont été pris en charge, depuis 1995, par le régime d'assurance chômage, pour une durée ne dépassant pas les 36 mois. Un régime dont le financement est assuré uniquement par les employeurs et les salariés du secteur économique, des administrations et des institutions publiques. Le système d'assurance chômage, qui théoriquement œuvre en complémentarité avec le service de l'emploi, est aujourd'hui, piégé par la mauvaise gestion du marché du travail, les limites des politiques gouvernementales à ce sujet et le manque de moyens de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM), qui devait intervenir dans le marché de l'emploi. Depuis près de deux années, la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) a développé une nouvelle mesure d'aide aux entreprises publiques en difficulté, dans le but de les aider à préserver les emplois économiquement viables. Une initiative louable qui reste néanmoins très limitée au regard des besoins économiques et sociaux, de la situation des entreprises publiques, du taux élevé du chômage (30%) et de la réalité des autres secteurs comme la fonction de l'école (alphabétisation) ainsi que de la sécurité sociale. En marge des travaux du Séminaire international sur l'assurance chômage qui se tient actuellement à Taghit, dans la wilaya de Béchar, des participants ont fait part de l'absence d'un débat réel sur la politique économique et sociale des pays en transition vers l'économie de marché. Certains ont relevé la nécessité d'inscrire la prise en charge du risque chômage dans “un cadre global”, qui reposerait essentiellement sur des “choix économiques et sociaux clairement définis”. D'autres se sont demandé “où finit l'assurance sociale, c'est-à-dire la prise en charge du phénomène du chômage par le système de sécurité sociale, et où commence l'assistance ou le rôle de l'Etat ?” Selon le directeur de la Caisse marocaine de sécurité sociale, M. Khoja, les Maghrébins et les Africains “ne font pas encore de distinction entre le rôle de l'Etat, en tant que garant des droits des citoyens, et le ou les systèmes de sécurité sociale”. Il insiste sur le fait que les régimes de protection sociale “redistribuent essentiellement” la richesse créée par l'entreprise, reconnaissant plus loin que “les richesses nationales sont encore très mal réparties”. Puis de conclure avec cette interrogation : “Est-ce que l'entreprise, dans une logique de mondialisation, aura encore la capacité de supporter d'autres charges sociales créées par les nouveaux besoins ?” H. A.