Les grandes puissances se sont engagées à soutenir le Yémen en échange d'efforts de bonne gouvernance, lors d'une réunion à Londres mercredi dernier, largement dominée par la menace d'Al-Qaïda dans ce pays considéré comme un nouveau front dans la guerre contre le terrorisme. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a souligné que cette réunion qu'il présidait était “un pas en avant important” mais qu'il était vital de lutter contre “les racines” de l'extrémisme dans ce pays, le plus pauvre du monde arabe. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a souligné de son côté que le Yémen, tout comme la communauté internationale, “pouvait et devait faire plus” pour sortir le Yémen de la pauvreté et prévenir la menace d'une radicalisation de sa population. Les participants ont aussi annoncé une conférence des donateurs à Riyad les 27 et 28 février, essentiellement pour assurer le suivi des promesses d'aide financière formulées en 2006 à hauteur de 5 milliards de dollars, mais très partiellement honorées. La communauté internationale “ne peut pas se permettre de ne pas agir” au Yémen a souligné Hillary Clinton, insistant sur le fait que “des frontières peu sécurisées et des conflits politiques encouragent l'instabilité et ouvrent un espace aux terroristes”. Londres a averti qu'un Yémen déstabilisé pourrait devenir un Etat “en faillite” comme la Somalie. La conférence avait été organisée à l'initiative du Premier ministre britannique Gordon Brown après l'attentat manqué du jour de Noël contre un vol Amsterdam-Detroit, qui a contribué à placer le Yémen au centre des inquiétudes. Le Nigérian auteur de l'attaque aurait été entraîné et “équipé” au Yémen par l'organisation Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr Abdallah al-Kourbi a estimé que la réunion de Londres “avait atteint les résultats (voulus) par le Yémen”, c'est-à-dire un soutien au gouvernement ainsi que des engagements pour une aide économique et contre la radicalisation. Mais Mme Clinton a souligné que “le Yémen devait prendre en charge les défis qui se présentent à lui, et ses affaires internes”. Lors de cette réunion, qui se tient au niveau ministériel, Mme Clinton a appelé le gouvernement yéménite à mettre en pratique son programme de réforme, à combattre la corruption et à améliorer les conditions pour l'investissement. Elle a souhaité un cessez-le-feu avec les rebelles chiites du nord du pays “pour qu'un processus de réconciliation et de reconstruction se mette en place”. Mme Clinton a encore encouragé le dialogue avec les différentes composantes de la société yéménite pour que les élections parlementaires prévues en avril 2011, après avoir été reportées de deux ans, puissent permettre de “résoudre les désaccords par les urnes plutôt que sur le champ de bataille”. David Miliband a souligné que le Yémen traversait une crise “qui pourrait avoir des implications pour la population du Yémen et pour toute la région” et qu'il existait une opportunité “limitée pour inverser la tendance”.