Le préjudice causé au Trésor public est estimé à plus de 3 000 milliards de centimes ! “De grosses quantités de dattes ont été exportées illégalement ces dernières années, sans que les services de contrôle interviennent pour stopper cette fuite organisée de devises. Précisément, la datte Deglet Nour a été exportée massivement vers la Tunisie en contrebande. Là, elle est conditionnée pour être vendue sur les marchés européens sous label tunisien”, rapporte une source sûre, proche du dossier. Le pot aux roses avait été découvert en 2003, suite à des informations parvenues à la douane, émanant du milieu exportation de ce produit. Des quantités importantes de dattes avaient été saisies. Constat : ce trafic fait partie d'un large courant d'exportation illégal incluant liège, poissons notamment crevettes, merlans et rougets, cuirs et peaux. Fausses déclarations en poids et en valeur, telles ont été les infractions qui avaient été enregistrées à cette époque. Le kilogramme de datte deglet Nour, exportée, avait été déclaré à 1 euro, et réellement vendu entre 2 et 3 euros. La différence est versée dans un compte à l'étranger. Il s'agit d'un transfert illégal en devises, si on suit l'ordonnance 96-22 modifiée du 9 juillet 1996 relative à la répression des infractions de change. À cette époque, le dossier avait été bloqué. “Les services de contrôle n'ont jamais demandé l'authenfication des institutions des pays importateurs, pour mieux cerner ce courant de fraudes et stopper l'hémorragie en devises”, ajoute la même source. Résultat : cinq ans après la découverte de ce trafic, le dossier est aujourd'hui prescrit faute d'investigations sérieuses et partant d'actions en justice. Le préjudice au Trésor public est évalué à plus de 3 000 milliards de centimes. Aux fausses déclarations en valeur et en poids s'ajoute ainsi le non-rapatriement en devises. Le délai imposé par la réglementation est, rappelons-le, de 3 mois. “En aval de la filière à Rungis, le marché de gros parisien s'écoule la Deglet Nour algérienne sous emballage tunisien, avant d'être distribuée dans les grandes surfaces de la région parisienne et de grandes villes européennes”, rapporte une autre source sûre. Curieusement, en dépit de maints articles sur ce trafic à partir de sources fiables, aucune enquête n'a été diligentée. La situation n'a pas évolué d'un iota. On continue à exporter de la datte en contrebande. La Deglet Nour algérienne s'exporte vers l'Europe sous emballage tunisien, avec la complicité de certains opérateurs locaux. La première source ajoute qu'il s'agit en fait d'un réseau bien organisé, bénéficiant de la couverture de barons de l'export. Paradoxalement, “la deglet Nour algérienne bénéficie du soutien public tunisien. Du coup, les conditionneurs tunisiens peuvent placer ce produit en Europe à des prix inférieurs à la concurrence”, avance la même source. En un mot, elle est moins chère que celle exportée via un autre circuit de commercialisation. En somme, le label algérien n'a pas bénéficié de la protection de l'état pendant au moins plus d'une décennie. Et la perméabilité de nos frontières pose aujourd'hui un sérieux problème de sécurité, particulièrement sur le plan financier.