Pendant deux jours, la salle de conférences de l'hôtel militaire de Béni-Messous a vécu au rythme des débats sur les origines de l'Etat algérien. C'était à l'occasion du colloque international sur la consécration de l'Emir Abdelkader (1808-1883), qui s'est clôturé hier en fin de journée. Cette consécration, en arabe Moubaya'a, a été au centre des conférences et débats animés par un panel de chercheurs et universitaires, nationaux et étrangers, venus en nombre pour l'occasion. Le but recherché de cette rencontre, comme l'a affirmé le Dr Zaïm Khenchalaoui, coordinateur académique du colloque, était d'apporter “un éclairage nouveau sur la thématique soulevée lors de cette rencontre transdisciplinaire qui se veut porteuse d'un message de foi et d'espérance pour les jeunes générations”. Une approche qui a été longuement débattue lors de ces deux journées où se mêlaient l'histoire, la science et la religion, avec au centre le soufisme de celui qui est considéré comme le fondateur de l'Etat algérien, l'Emir Abdelkader. La Moubaya'a “décortiquée” par les participants n'a pas été le seul point autour duquel les débats se sont axés. Les nombreux “malentendus” autour de la personnalité de l'Emir étaient également au “rendez-vous”. L'occasion a ainsi été donnée aux défenseurs du “prince de lumière” (comme le surnomme le Dr Khenchalaoui) et à leur tête les membres de la Fondation Emir-Abdelkader d'essayer d'éclaircir ces zones d'ombre. Ainsi, le docteur Mahfoud Smati est revenu sur les relations entre l'Emir et la zaouïa Tidjania : “Il a demandé l'allégeance au cheikh des tidjaniyine après avoir été consacré partout ailleurs, et c'était au même titre que l'avait fait le khalifa Ali Ibn Ali Taleb avec Mouâouiya”. À propos de la fameuse polémique sur la qualité de membre d'une loge maçonnique de l'Emir, la même personne dira que la réalité est bien différente de ce que disent “certains” en soutenant que “la lettre que l'Emir aurait écrite à cette loge n'est pas signée, alors qu'il l'a fait dans tous ses documents”. Présent à ce colloque, l'ancien ministre Kamel Bouchama a insisté sur l'urgence de “récupérer le palais de l'Emir qui se trouve à Damas, en Syrie”. Il affirma aussi “pour ceux qui ne le savent pas, il n'appartient pas à l'Algérie, mais à la communauté européenne”. Il profitera de l'occasion pour lancer un appel “aux autorités” pour acheter ce palais, “ce qui ne coûtera que 500 000 euros”. Au passage, M. Bouchama a tenu à donner des “vérités historiques” pour “éclairer” l'assistance en revenant sur l'invasion de l'Algérie par la France et ce qui s'était passé entre 1827 entre le dey Hussein et le consul Pierre Deval : “C'est les Français qui ont parlé d'un éventail pour seulement anoblir le geste, mais il faut savoir qu'il s'agit exactement d'un chasse-mouche.” Une indication qui est venue conforter la conclusion de beaucoup parmi les présents à ce colloque, pour qui l'urgence numéro un en Algérie est la réécriture de l'histoire, de son histoire.