Liberté : Où en est l'opération de régularisation ? Kamel Benazou : Difficile, bien difficile de prétendre régulariser après coup quelques décennies de laisser-aller. Les situations changent, vous savez. Même en cas de régularisation générale, le problème n'est pas pour autant réglé. Si avant, on avait construit des logements en quantités suffisantes et on les avait distribués dans des conditions correctes, on n'en serait pas arrivé là avec une politique du logement constante, suffisante et cohérente. On est des élus des citoyens et on voudrait bien que l'opération de régularisation prenne en compte cet aspect des choses. Et qu'un maximum de dossiers aboutissent. D'un autre côté, il y a la loi, c'est quand même mieux de faire un effort pour être conforme, plutôt que de vivre tout le temps sur le qui-vive et le stress de l'illégalité. Tout de même, ceux qui ont construit sur des terres agricoles... Le cas de ceux-là est clair. Ils sont exclus de la régularisation. Autant que ceux ayant construit sur des terres à vocation agricole ou à vocation forestière, des sites stratégiques ou dangereux, ceux ayant construit à moins de 100 m du bord de mer, portant ainsi atteinte à la protection du littoral. Pas plus que ceux dans des zones d'extension touristique ou des sites dangereux comme les lits d'oued ou à proximité d'infrastructures à risques comme les canalisations de gaz, les barrages, ou dans des zones réservées à des projets d'utilité publique. Prenons le cas d'un citoyen sans acte de propriété du terrain, qu'il a acheté chez un privé. Quelle est la règle ? Cela dépend où se situe ce terrain. Hors des limites que je vous ai précisées, il n'y a pas de problème. Il n'a plus qu'à se faire dresser un acte de propriété et se faire régulariser sa situation pour peu que sa bâtisse soit conforme aux normes de construction et d'urbanisme. On se doute qu'il n'y a pas que les particuliers qui sont redevables d'une régularisation. Est-ce que vous avez des cas d'organismes publics qui ont construit de manière irrégulière et qui, de ce fait, tombent sous le coup de la loi ? Vous n'avez qu'à regarder par la fenêtre, juste derrière vous. En face même de l'Apc, de l'autre côté de la rue, vous avez un bâtiment à usage d'habitation, tout neuf, récemment construit par l'Opgi de Hussein-Dey, à moins de 100 m du littoral, contrairement aux dispositions de la loi de protection du littoral. L'Opgi devrait donc, selon vous, déposer un dossier de régularisation ? Pas même la peine. Je vous l'ai dit, ils tombent sous le coup de la loi sur la protection du littoral. Exclus donc de toute régularisation. Promis à la démolition ? Au moins à l'illégalité, c'est certain.