Les auteurs de “Alerte aux consciences anticolonialistes” expliquent les raisons qui les ont amenés à élaborer cette pétition, qui vise à interdire la venue de la caravane Albert Camus en Algérie. - Mohamed Bouhamidi (Journaliste) “Serait-il le plus grand des écrivains ? Cette qualité autoriserait-elle un lobby aussi puissant soit-il à disposer de l'identité algérienne ? Et à rouvrir un débat que Camus, lui-même, avait clos, en réservant la dénomination d'Algériens aux seuls pieds-noirs mais dans une Algérie française ? C'est le grand contresens, côté indigène, de cette campagne menée depuis 2004 : à ses yeux, ils n'auraient pas été Algériens mais de vagues ‘Arabes'. Auraient-ils eu même un nom au vu de son œuvre ? Les innombrables articles et émissions commandités et inspirés par ce lobby n'ont jamais parlé de son œuvre, et pour cause ! Il sert de cheval de Troie pour réaliser d'autres buts, très actuels, de reconquête culturelle de l'Algérie pour les besoins du néo-colonialisme.” - Mustapha Madi (Sociologue) “Organiser une caravane pour Albert Camus est une chose, savoir de quel Camus on célèbre ainsi une sorte de jubilé est une autre histoire. Parlons-en : de quel Camus s'agit-il ? – Et ici faisons abstraction de l'homme de lettres, ce n'est pas de cela qu'il est question. Quel Camus ? Celui dont les positions à l'égard de nous, Algériens, étaient en tous points conformes à celles des défenseurs de l'Algérie française. Car, convenez-en – ou relisez mieux les écrits de Camus – le prix Nobel de littérature 1957 ne concevait, en fait, de relation entre les deux communautés qui se partageaient (bien inégalement) l'Algérie, à savoir les “Arabes”, pour reprendre son appellation, et les autres, il n'en préconisait l'amélioration que sous la forme d'un meilleur traitement à obtenir du colonisateur en faveur de ses colonisés.”