Plusieurs participants ont relevé le rôle déterminant qui devait être joué par la puissance publique dans un contexte de transition. Les travaux du séminaire international sur l'assurance chômage, organisé par la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) en collaboration avec l'Organisation arabe du travail (OAT), se sont achevés jeudi à Taghit, dans la wilaya de Béchar. Malgré la faible participation des étrangers arabes et occidentaux à cette rencontre — moins de 8 % sur les 150 séminaristes présents — celle-ci a été “un succès” pour les organisateurs, en particulier pour la CNAC dont l'expérience, la première du genre dans l'espace maghrébin et arabe, a été validée par le Bureau international du travail (BIT) et l'Association internationale de Sécurité sociale (AISS), dont l'Algérie est membre du conseil d'administration. Dans leurs recommandations, les participants ont insisté sur l'enrichissement de la législation en matière de protection sociale pour “couvrir le risque de pertes d'emploi” et l'extension des régimes en vigueur aux autres catégories de travailleurs “assujettis aux régimes de Sécurité sociale”, ainsi que sur la redynamisation et l'organisation d'un service public de l'emploi dans le sens d'une “meilleure liaison”, avec les objectifs de la préservation de l'emploi et de la réinsertion des chômeurs. Ils ont, par ailleurs, souhaité la tenue de “ce genre de rencontres”, afin d'approfondir les échanges dans le domaine de la prise en charge du risque d'instabilité de l'emploi, voire de pertes d'emploi. On retiendra surtout que le séminaire de Taghit, sponsorisé par Khalifa, Orascom, Blanky et la SAA, a été riche en interrogations qui ont été exprimées, notamment en marge des travaux. Plusieurs participants, parmi eux l'expert du BIT, Peter Auer, ont mis en exergue le rôle déterminant de l'Etat, en matière de prestations sociales, dans un contexte de crise ou de transition vers l'économie de marché. M. Auer a estimé que pour un pays comme l'Algérie, il fallait “plus de social”, pour venir à bout de la précarité et pour préserver la cohésion sociale. Il a surtout laissé entendre que l'économie de marché ouvrait doit à plusieurs définitions et champs d'application, allant du “libéralisme sauvage à l'américaine” au “capitalisme européen soucieux de la dimension humaine et sociale”. Il a également remarqué que l'étude et la prise en charge du risque chômage devraient s'inscrire dans une “stratégie globale” des gouvernements, où les politiques économiques et sociales seraient clairement définies et connues de tous. L'autre sujet ayant suscité des questionnements, même parmi les invités algériens, se rapporte aux missions de la CNAC, à qui l'ont reproche de vouloir “se substituer à l'Etat”, en utilisant l'argent du contribuable. “La CNAC est arrivée aux limites de ses missions, et pour survivre, elle veut se reconvertir dans l'aide aux entreprises en difficulté, dans la formation et les politiques de l'emploi, qui devraient en principe être du ressort de la puissance publique”, a relevé une participante, en notant : “L'argent des cotisations des salariés et des employeurs aurait pu profiter aussi à tous ces travailleurs contractuels qui sont exclus du dispositif d'assurance chômage alors qu'ils cotisent”. Le directeur de l'Institut national du travail, M. Djamel, s'est quant à lui demandé “où est la politique de l'Etat qui doit arbitrer les intérêts ?”, mettant en avant la part considérable du travail informel, qui draine quelque 1,2 million de travailleurs. M. Djamel s'est aussi interrogé sur les raisons qui empêchent l'Etat de “donner les moyens à l'ANEM (Agence nationale de l'emploi, NDLR) pour qu'elle puisse jouer pleinement son rôle”. H. A.