Les dates des 7, 10, 19, 22, 23, 24 les font trembler chaque mois, car il s'agit de la paie des fonctionnaires, des communaux, des militaires et, enfin, celle des retraités. Depuis des années, les receveurs des agences postales de la wilaya d'Oran ne cessent de rappeler à leur direction régionale un éventuel recrutement de personnel pour satisfaire les besoins grandissants des clients, mais sans résultat. Profitant de la main-d'œuvre gratuite du filet social et de l'emploi des jeunes, financé par la direction de l'action sociale, Algérie Poste fait la sourde oreille à la demande de recrutement. “Nous sommes cinq, alors qu'il faut une dizaine d'employés. Heureusement que l'APC nous aide avec le personnel du filet social”, dira un receveur proche de la retraite. Les choses n'évoluent pas positivement et face à la surcharge de travail, des employés sont devenus complètement dépressifs, malgré les moments de répit : ordinateurs en panne, coupures de courant, mauvaise connexion du réseau, manque de liquidités… Ils sont complètement impuissants face à la situation qui perdure. Les altercations avec les clients sont quasi quotidiennes, vu le stress. Mais le cas de ce receveur qui assure le service d'une agence postale, seul, est significatif. “Oui, je suis seul et on refuse toujours de recruter un second employé pour m'aider. Je suis contraint d'effectuer toutes les opérations de la poste seul. C'est vrai, j'ai eu une dépression la semaine passée et j'ai décidé de déposer ma demande de mise en retraite. Je n'en peux plus”, affirme-t-il. La direction lui a déjà fait savoir que sa demande sera refusée et elle va bientôt lui octroyer un congé pour qu'il récupère. En effet, il ne peut quitter son travail même pour des besoins naturels. Sauf s'il ferme l'agence postale durant son absence. Les dates des 7, 10, 19, 22, 23, 24 le font trembler chaque mois car il s'agit de la paie des fonctionnaires, des communaux, des militaires et enfin celle des retraités avec des chaînes interminables. Cependant, le recrutement du personnel est centralisé au niveau d'Alger et la direction régionale d'Oran a les mains liées pour venir au secours du personnel des agences postales de la wilaya d'Oran. “La qualité du service se dégrade et, apparemment, c'est volontaire. Algérie Poste sera-t-elle privatisée ? Après Eriad, Sonitex, DNC, et la Sonatrach (évitée de justesse)… la privatisation risque de mettre K.O. ce grand service public qu'est la poste”, s'interroge un universitaire.