Dans ce bref entretien, MM. Benchicou et Menâa se font l'écho d'une grande détermination. Bien que les sociétés d'impression aient violé les termes du contrat commercial préalablement établi, Le Matin et Le Soir D'Algérie (*) sont prêts à acquitter leurs créances. Quelles que soient les pressions, ces titres ne veulent pas mourir. Liberté : Le délai fixé par l'imprimerie pour le payement de vos créances a expiré ce dimanche à 16 heures. Avez-vous payé la somme qui vous est réclamée ? Mohamed Benchicou : On va payer, il n'y a aucun problème. Malgré le fait que nous soyons victimes d'un arbitraire, nous sommes disposés à la régler. On nous demande de payer des arriérés qui n'existent pas dans notre comptabilité et d'honorer à l'avance des créances qui dépassent les capacités de notre trésorerie. Mais on va le faire dans la mesure où l'on présente le problème comme commercial. Nous avons envoyé aujourd'hui une lettre à la direction de l'imprimerie (Simpral) pour lui demander de nous accorder un délai de quatre à cinq jours, le temps pour les services de notre comptabilité de faire les recoupements nécessaires et de réunir la somme demandée. Pour l'instant, nous n'avons pas encore reçu de réponse — la réponse négative des différentes imprimeries est tombée à 17h30. Il n'est pas question pour nous d'entrer dans un forcing avec l'imprimerie dont nous sommes le plus gros client. Nous représentons 58% de ses recettes. Je comprends la position de la direction de Simpral qui ne fait qu'exécuter une injonction. Badreddine Menâa : Tout d'abord, nous considérons que la mesure de suspension est un acte de brigandage. Nous allons acquitter la somme demandée, tout en contestant y compris le montant de cette somme. Ceci pour pouvoir continuer à paraître, donner de l'information et nous exprimer de manière normale. Parallèlement, nous allons introduire une action en justice, contre les trois imprimeries pour la violation du contrat commercial. Cela dit, nous récusons le mot “dette” car, nous considérons que nous n'avons aucune dette envers les imprimeries. Quelle suite allez-vous donner à cette affaire ? Comment comptez-vous réunir l'argent demandé ? M. B. : Nous détenons des créances sur des clients que nous allons les leur réclamer. Nous solliciterons aussi des amis du journal qui veulent bien nous aider. Pour nous, il n'est pas question de ne pas payer et de ne pas paraître. Comme il n'est pas question également d'entrer en conflit avec l'imprimerie. Je souhaite que les autorités qui ont pris la décision de suspendre des journaux pour motif de non payement des frais d'impression saisissent cette opportunité pour arriver à une solution idoine dans l'intérêt de la liberté de la presse. B. M. : Ce soir, nous allons envoyer le journal comme d'habitude à l'imprimerie. C'est à sa direction de s'assumer. Comme d'autres journaux concernés par cette mesure de suspension, nous avons sollicité un délai de payement auprès des sociétés d'impression. Quel message voulez-vous adresser à vos lecteurs ? M. B. : Nous avons mesuré à quel point leur présence est réconfortante, à quel point ils sont nombreux, à quel point ils s'attachent au journal. Nous leur promettons que nous allons réapparaître dans les plus brefs délais avec la même ligne éditoriale et la même détermination. B. M. : Le journal continuera à se faire. Cette situation de hogra n'affecte en rien ni le moral ni la détermination du collectif qui continue à faire son travail de la manière la plus professionnelle. Le Soir d'Algérie restera présent sur Internet. Liberté nous offre également une page. Nous disons aux lecteurs à très bientôt. S. L.