Les principales communes de la capitale n'ont pas répondu à l'appel du syndicat, mis à part à Rouiba et Baba Hassan. Mais les taux de suivi les plus importants ont été enregistrés à l'intérieur du pays. Annoncée en grande pompe par le syndicat autonome, la grève des travailleurs du secteur des communaux a connu un suivi mitigé. L'appel au débrayage n'a pas eu un large écho au niveau des communes où le Conseil national du secteur des communaux n'est pas très représenté. Seules les APC où ce syndicat est structuré ont été bloquées au premier jour de la grève de trois jours. Les APC de la capitale et des communes limitrophes ont fait abstraction totale de l'appel du syndicat affilié au Snapap. Seules les APC de Rouiba et de Baba Hassan ont enregistré un suivi à 100%. Les raisons ? À en croire le porte-parole du syndicat, “les pressions et menaces de représailles des responsables, la veille du déclenchement de la grève, ont dissuadé plusieurs travailleurs notamment au niveau des grandes communes tel l'APC d'Alger”. Selon Ali Yahia, les APC de l'intérieur du pays ont enregistré des taux de suivi très importants. “C'est le cas de Tizi Ouzou à 75%, Béjaïa à 100%, Tlemcen à 75%, Sétif 60%, Chlef 30%.” D'Alger-Centre à Belouizdad, en passant par Mohammadia, El-Harrach, Hussein-Dey et Bab-Ezzouar, les travailleurs notamment les préposés aux guichets ont, dès les premières heures de la matinée, rejoint leur poste et assuré les prestations de l'institution. À la nouvelle d'une éventuelle grève des APC pendant trois jours consécutifs ayant fait le tour des quartiers, un important flux de citoyens a pris d'assaut les APC pour des documents d'état civil. Il y avait foule dans toutes les APC que nous avons visitées hier. “On a commencé à recevoir les citoyens dès l'ouverture. Certains sont même arrivés avant les employés”, apprend-on aux niveaux des communes de Mohammadia et Hussein-Dey. “Les gens pensaient qu'en arrivant très tôt, ils seraient pris en charge et que la grève n'allait commencer qu'à 10 heures du matin”, nous dit-on encore. Habitués au suivi massif des débrayages des secteurs de la Santé et de l'Education nationale, les citoyens, qui craignaient une paralysie totale des institutions communales, ont pris les devants. “J'ai appris via les journaux que les APC n'allaient pas travailler pendant trois jours alors je suis venu tôt pour finaliser mon dossier administratif”, nous dit un jeune rencontré à l'APC de Mohammadia. Toujours dans la même commune, un sexagénaire, à l'entrée de l'APC, s'empresse de nous demander si les guichets étaient ouverts ou en grève. “Je dois me faire délivrer un certificat de vie pour l'envoyer à ma caisse de retraite en France sinon je ne toucherais pas ma pension”, nous dit-il tout en remerciant Dieu que les travailleurs n'aient pas suivi le mot d'ordre du syndicat. “Il me reste quand même un peu de temps pour le faire parvenir mais quand j'ai eu vent de la grève, j'ai préféré en finir aujourd'hui car tout est possible dans ce pays”, ajoute-t-il. À Alger-Centre, le service d'état civil, qui a été transféré depuis quelque temps au niveau des ex-Galeries algériennes, est submergé depuis dimanche. Même constat et toujours les mêmes motifs. Se faire délivrer les fameux documents avant que tout soit bloqué. “Si les médecins ont eu le courage de fermer les portes des hôpitaux aux malades, il faut s'attendre à ce que les APC en fassent autant pour la délivrance de simples documents”, nous dit une dame. Une autre renchérit que “quand on est pris par les délais de dépôt de dossier administratif, le document est aussi important que la santé. C'est toujours le citoyen qui est pénalisé par ces grèves.” Prétextant le flux des citoyens, les travailleurs des APC que nous avons approchés ont refusé de s'exprimer. Quelques-uns se sont contentés de nous dire que “notre syndicat n'a pas appelé à la grève, donc nous travaillons.” Par “notre syndicat”, les préposés aux guichets font allusion à l'UGTA puisque le secteur des communaux ne compte que deux organisations syndicales. En fait, la majorité des travailleurs ne sont affiliés ni à l'UGTA ni au Snapap. Cependant, des éboueurs contractuels rencontrés dans les parages des APC d'El-Harrach et de Mohammadia n'ont pas caché leur colère mais pas au point de faire grève. La peur des représailles qui aboutiraient inéluctablement à la perte des 3 000 DA mensuels les contraint à s'habituer à leur situation en espérant que le débrayage des autres travailleurs leur soit bénéfique.