Ces pères de famille n'ont pas perçu leurs salaires depuis 13 mois. Leur entreprise, un fleuron des travaux publics, mise à genoux avant qu'elle ne soit assainie par le Premier ministre, croule toujours sous l'inertie. “Nous ne sommes ni au chômage ni en situation digne des travailleurs qui ont porté haut et fort le secteur des travaux publics. Nous voulons l'application des décisions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a assaini notre situation, et de la Centrale syndicale qui a définitivement négocié et entériné la décision de reprise. Faute de quoi, nous poursuivrons notre action. Nous voulons du concret et une date fixe pour la reprise d'activité.” C'est le cri de détresse des 370 travailleurs de la Société nationale des travaux routiers (Sonatro) qui organisent, depuis dimanche soir, un sit-in devant le siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), pour interpeller les responsables de la Société de gestion et de participation (SGP) Sintral qui n'a pas encore fixé cette date butoir tant souhaitée par des centaines de pères de famille qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis 13 mois. Lundi dernier, une délégation composée de quatre syndicalistes, dont MM. Souibes, Debizi, Cheklat et Sedi, a été reçue par le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd. Celui-ci les a rassurés que ses services veillent à ce que toutes les décisions prises en commun accord avec le Premier ministre soient appliquées dans toute leur rigueur. Sidi-Saïd ira jusqu'à leur fixer une échéance, à savoir le mois de juin, pour la reprise officielle de l'activité de la Sonatro. Une réponse qui a convaincu, dans un premier temps, les syndicalistes, mais qui s'avère insuffisante. “Nous avons passé la nuit devant le siège de l'UGTA. Notre action pacifique se veut un énième appel aux consciences. Nous revendiquons une date fixe et non une date vague. Nous remercions vivement Ouyahia et Sidi-Saïd pour ce qu'ils ont fait pour nous, mais la SGP Sintral campe sur ses positions et ne veut, à ce jour, pas se prononcer sur le sort des 370 familles alors que notre situation a été assainie”, nous dira sur un ton serein M. Souibes. Cela fera dire à M. Sedi que la situation devient de plus en plus kafkaïenne. “La convention de branches a été signée le 1er mai dernier entre la SGP Sintral et la Fédération nationale des travaux publics. Les travailleurs des 48 wilayas avaient même été rassurés par nos soins, surtout qu'il a été décidé de la reprise de l'activité. Le blocage est au niveau de cette même SGP et non au niveau du Premier ministère ou de l'UGTA”, explique encore notre interlocuteur. Il faut noter qu'une délégation de syndicalistes a été reçue quelques instants avant le début de ce sit-in par un responsable de l'UGTA. Ce dernier s'est limité à renvoyer la balle dans le camp de la SGP Sintral et de laisser libre arbitre à un bras de fer qui s'annonce, désormais, comme ultime recours à ces travailleurs livrés à leur sort.