À quelques jours du coup d'envoi du grand rendez-vous planétaire, les Verts suscitent le doute chez les Algériens. Les prestations ternes contre l'Irlande et la Serbie n'augurent rien de bon. Deux matches de préparation qui démontrent combien le fossé entre le niveau de notre EN et celui du gotha mondial est encore trop grand pour être résorbé en 14 jours. Voici quelques raisons de… désespérer. Avons-nous une bonne défense ? Non ! Du moins pour ce qui a été montré vendredi contre l'Eire avec des lacunes certaines, notamment dans la complémentarité entre Halliche et Belaïd. Ce dernier, pour sa première sortie avec les Verts, a eu du mal à contenir le pressing irlandais. L'absence de Bougherra et Antar Yahia peut toutefois consoler les Algériens car leur retour garantit aux Verts leur solidité défensive qui a fait leur force durant les éliminatoires de la Coupe du monde. Dans les couloirs de la défense, en revanche, les premières apparitions de Mesbah et de Guedioura ont été empreintes de satisfaction. Les deux loups ont sorti leurs griffes et s'imposent comme des solutions certaines pour Saâdane. Mais ils doivent certainement encore patienter du fait que les deux titulaires indiscutables à ces postes, à savoir Belhadj et Bougherra dans le système en 3-5-2 cher à Saâdane ne sont pas près de rejoindre le banc. Du point de vue des statistiques, il faut dire que depuis le match gagné contre la Côte-d'Ivoire à la CAN, soit le match référence des Verts, l'EN a encaissé 11 buts, 4 contre l'Egypte, 1 contre le Nigeria, 3 contre la Serbie et 3 contre l'Irlande. Pour un mondialiste, cela fait un peu trop, n'est-ce pas ? Le milieu de terrain a-t-il rempli son rôle ? Non ! C'est sans doute, contre l'Eire, le maillon le plus faible de l'échiquier de Saâdane. En effet, malgré toute la lucidité de Lacen et le talent de Ziani dans l'animation de jeu, on voyait bien que ces derniers manquaient de fraîcheur physique. Du coup, l'attaque de l'EN a souffert du manque de bons ballons. Le duo Ghezzal-Djebbour a été sevré de balles, et ce n'est pas les longues balles balancées qui changeront quoi que ce soit à la donne. Saâdane doit parer au plus vite à cette situation et donner les moyens au milieu de terrain de l'EN de servir réellement de relais et lui permettre de fluidifier le jeu. Contre l'Eire, en tout cas, la courroie de transmission s'est cassée. Il faut dire que les absences de Meghni et Yebda ont énormément pesé dans la balance. Ces deux constructeurs de classe mondiale sont sans doute irremplaçables dans cette équipe algérienne. L'attaque commence-t-elle à inquiéter ? Oui. Depuis, le match contre la Côte-d'Ivoire, l'EN n'a marqué le moindre but. Pis, Ghezzal, présenté comme étant le meilleur attaquant des Verts, ne marque plus en sélection depuis l'époque d'avant-CAN. Son association vendredi avec Djebbour a été une nouvelle fois un échec. Saâdane ne peut se permettre de maintenir cette solution sans risquer de se discréditer durant le Mondial. Le rôle d'un coach n'est-il pas de trouver des solutions en attaque, surtout qu'elles existent sur le banc avec notamment les Boudebbouz et Matmour. Saâdane a-t-il commis des erreurs ? Oui, et la plus grande erreur de Saâdane, c'est de continuer à faire confiance à des joueurs dont le niveau continue à baisser sur le terrain. Le jeu des Verts est devenu dépendant de la forme de certains cadres et c'est une grande tare. Les absences ne peuvent, à elles seules, justifier la chute vertigineuse du niveau des Verts. En outre, contre l'Irlande, Saâdane s'est obstiné à maintenir sur le terrain deux joueurs sur le flanc gauche, à savoir Belhadj et Mesbah, qui se marchaient carrément sur les pattes, alors qu'un joueur comme Boudebbouz, plus offensif, aurait pu rendre service dès le début. Le stage de Crans-Montana a-t-il pesé dans la balance ? Oui, en effet. Sans que cela puisse en aucun cas justifier le visage pâle montré contre l'Irlande, il faut dire qu'un stage effectué à fort dosage physique en altitude laisse toujours des traces. N'importe quel spécialiste de la médecine du sport vous dira qu'il faut quelques jours pour les joueurs afin de reprendre leur forme optimale. Logiquement donc, les Verts devraient se sentir mieux le 5 juin contre les Emiratis. Attendons pour voir ! Le stage de Nuremberg peut-il compenser le déficit ? Non, les délais sont très courts pour recoller les morceaux. Saâdane a juste le temps de concocter une stratégie à la hâte et espérer que contre la Slovénie, les Verts vont sortir le grand jeu. Les Verts sont-ils trop choyés ? Assurément oui ! Partout où ils évoluent, les coéquipiers de Ziani charrient un engouement impressionnant. Cette fois-ci, l'exemple nous est venu d'Irlande et de Suisse. Des milliers d'Algériens agglutinés aux portes des stades pour, en définitive, récolter un humiliant trois à zéro. La déception risque d'être encore plus grande en Afrique du Sud. À l'intérieur de l'équipe, les joueurs sont tous aussi choyés. Ils ont bénéficié de tous les moyens de préparation. Ils n'ont pas d'excuses, et ils n'ont certainement pas le droit de décevoir lors du prochain Mondial. Y a-t-il trop de blessés ? Oui ! Et cela pose évidemment le problème de la prise en charge sanitaire des joueurs. L'hésitation qui a caractérisé le processus de prise de décision pour le cas Meghni est éloquent à ce titre. À l'arrivée, Meghni ne jouera pas le Mondial. Au même moment, l'Espagne récupère Tores pour le Mondial après avoir décidé, en hiver dernier, de l'opérer tout comme aurait pu le faire les Algériens avec… Meghni. Faut-il avoir peur ? Franchement oui, au vu de ce qui a été présenté contre l'Irlande et contre la Serbie, il y a plus de deux mois, il n'y a aucune amélioration. L'équipe manque toujours de jus et de jeu. Défense fébrile, milieu “ménopausé” et attaque stérile. Il n'y a aucune cohésion dans le groupe et une disparité totale dans la forme physique des joueurs. En fait, la logique des choses voudrait que l'EN ne fasse pas grand-chose au Mondial car avec un tel niveau de préparation, l'on voit mal comment les gars vont métamorphoser leur jeu à deux semaines du Mondial. Ce qui serait anormal en vérité c'est de voir les Verts renverser la vapeur contre des Slovènes qui ont montré un niveau bien supérieur aux nôtres. À la fin du match contre l'Irlande, les discussions sont plutôt pessimistes en Algérie. “Nous n'avons rien montré jusque-là, ce sera dur, nous avons peur d'une déconfiture dès le premier match”, diront les supporters. Le miracle peut-il avoir eu lieu ? Qui sait ? Cette équipe a déjà montré qu'elle fonctionne à l'orgueil et que, placée au pied du mur, elle peut se transcender comme ce fut le cas contre l'Egypte au Soudan, contre le Mali et la Côte-d'Ivoire à la CAN. Serait-ce le cas contre la Slovénie ? Difficile de dire, sachant que les Slovènes savent désormais tout sur l'Algérie.