Selon le diplomate, “des listes de personnes à tuer et des listes de personnes à ne pas tuer, ainsi que des photos” ont été découvertes dans les mains de soldats israéliens. L'ambassadeur de la République turque en Algérie, Ahmet Necati Bigali, a apporté hier des “clarifications” sur l'attaque israélienne du 31 mai dernier contre la “Flottille de la liberté”, ainsi que sur le dossier du nucléaire iranien. Lors d'une conférence de presse, organisée au siège de la chancellerie, le diplomate a affirmé que son gouvernement “n'a aucune participation dans cette aide humanitaire”, destinée aux Palestiniens de Gaza, soumis depuis trois ans à “un blocus illégitime et contraire à la résolution 1860 du Conseil de sécurité”. Selon lui, il s'agit d'une “initiative civile” conduite par une organisation non gouvernementale IAH, comprenant un convoi de 6 navires pour acheminer les aides humanitaires, 600 bénévoles d'une trentaine de pays et des parlementaires européens. “Il n'y avait aucune arme dans les navires”, a signalé l'intervenant, en rappelant que l'incident est intervenu dans “les zones internationales”. Pourtant, “les soldats israéliens ont tué délibérément” 9 civils, dont 8 citoyens turcs et un ressortissant américain d'origine turque. “On a trouvé 30 balles dans le corps des 9 personnes tuées. L'objectif des Israéliens était de tuer”, a déclaré l'ambassadeur. Ce dernier a également confié que “des listes de personnes à tuer et des listes de personnes à ne pas tuer, ainsi que des photos” ont été découvertes dans les mains de soldats israéliens. “C'était une attaque bien préparée”, a-t-il commenté, ajoutant fermement : “Cette agression inhumaine et terroriste constitue une violation flagrante de la souveraineté turque. Le diplomate turc a, en outre, observé qu'Israël a violé la 4e convention de Genève, le droit international et même le droit de coutume de mer. Aussi, son pays attend que l'Etat hébreu accepte sa faute, car c'est un crime contre l'humanité, s'excuse et paie des compensations” pour les familles des personnes tuées et pour les 30 blessés. Pour le conférencier, la réponse qui sera donnée à ces conditions sera déterminante “pour l'avenir de nos relations bilatérales”. Ahmet Necati Bigali a annoncé qu'après le rappel de l'ambassadeur de Turquie en Israël, son gouvernement a préparé une “feuille de route concernant les relations avec Israël” où la rupture des relations ou “la coupure n'est pas dans l'agenda”. Il n'empêche que la normalisation des relations avec Tel-Aviv dépendra, d'après lui, de “ce que Israël va mettre”. Par ailleurs, l'ambassadeur n'a pas exclu l'ouverture de procès dans les tribunaux turcs, non sans insister sur le fait que la Turquie “est résolue à défendre ses droits avec des moyens que le droit international lui fournit”. Lors de la rencontre, M. Bigali a qualifié l'attaque israélienne de “terrorisme d'Etat”. Il a également plaidé pour le travail de la commission d'enquête internationale. Il a, en outre, informé que la Turquie attend que les aides humanitaires, saisies par Israël, soient transportées à Gaza, par le biais de l'ONU. Pour ce qui est du dossier nucléaire, Ahmet Necati Bigali a précisé que la Turquie, comme d'autres pays, est contre la prolifération d'armes nucléaires et chimiques, plus particulièrement dans la région du Proche-Orient. Mais, les autorités d'Ankara croient également que “chaque Etat a le droit d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques”. Selon le diplomate, dans le cas du nucléaire iranien, “la seule option viable est une solution diplomatique et pacifique”. C'est dans ce cadre qu'il a placé l'accord signé, le 17 mai dernier, entre la Turquie, le Brésil et l'Iran, pour un échange d'uranium. “Cet échange était voulu par les pays européens, depuis novembre 2009”, a-t-il appuyé. Refusant de s'exprimer sur la prudence affichée par la communauté internationale, après la conclusion dudit accord, l'ambassadeur a néanmoins tenu à rappeler que la position turque n'est pas de soutenir de façon inconditionnelle le programme nucléaire iranien, mais d'adopter une position de principe. Il a aussi laissé entendre que son pays s'est impliqué pour la “construction de la paix dans notre région, au Proche-Orient et dans le monde”, notant qu'il ne faut pas se focaliser seulement sur l'Iran, mais porter aussi “un agenda international sur les armes nucléaires israéliennes”.