En attendant que la proposition de l'Union africaine de l'interdiction du paiement des rançons aux groupes terroristes, car il constitue une source de financement du terrorisme, soit approuvée officiellement par l'organisation des Nations unies, les pays concernés par ces affaires agissent en fonction des circonstances et de leurs intérêts, comme c'est le cas de l'Espagne. En effet, Madrid, qui n'a eu de cesse d'affirmer qu'il soutenait le principe de l'interdiction de paiement des rançons, comme ce fut le cas au début du mois en cours après le sommet de l'Union africaine à Kampala, va à contre-courant de son discours officiel en versant 12 millions d'euros, à en croire certaines sources, pour obtenir la libération de ses deux ressortissants détenus par Al-Qaïda Maghreb. Voilà un agissement qui va à l'encontre des principes approuvés par la communauté internationale, même si aucune loi n'a été encore adoptée par les Nations unies. Le plus grave est la complicité des pays africains, que sont la Mauritanie et le Mali dans la conclusion de cette opération de libération, alors que l'Union africaine, dont ils sont membres à part entière, interdit le paiement de rançons aux terroristes. Mieux, les responsables de ces deux Etats se sont formellement engagés en mars dernier, lors d'une réunion à Alger consacrée à la sécurité dans les pays du Sahel, à respecter cette disposition. Mais, en pratique il n'en est rien. Bamako a cédé à la pression de la France en juin dernier pour qu'elle obtienne la libération de son otage, Pierre Camas, détenu par l'Aqmi, en procédant à la libération de terroristes de cette sinistre organisation, détenus dans ses prisons. Idem, pour Nouakchott, qui a accepté dernièrement d'extrader le Malien “Sahraoui”. D'ailleurs, l'extradition vers son pays de “Omar le Sahraoui”, Malien condamné pour l'enlèvement de trois Espagnols en 2009, dont deux sont toujours retenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est perçu comme un geste qui pourrait aider à la libération des otages. Pourtant, une semaine auparavant la cour d'appel de Nouakchott avait confirmé la condamnation fin juillet à 12 ans de prison assortis de travaux forcés de ce Malien considéré comme le principal auteur de l'enlèvement en Mauritanie de trois Espagnols le 29 novembre 2009. Il était accusé d'avoir été payé par Aqmi pour les enlever sur la route reliant Nouakchott à Nouadhibou (Nord). Les otages, qui étaient en mission pour l'organisation humanitaire Barcelona Accio Solidaria au moment de leur enlèvement, avaient ensuite été transférés au Mali. Le résultat n'a pas tardé à se concrétiser sur le terrain avec cette libération hier. C'est dire la complicité du Mali et de la Mauritanie dans cette opération en violation de la Charte de l'Union africaine. Il faut dire que depuis l'affaire des otages autrichiens libérés par Al-Qaïda Maghreb en 2005 en échange de 5 millions d'euros, les kidnappings d'Européens se sont multipliés au Sahel, car cela rapporte de l'argent à cette mouvance terroriste, ce qui lui permet de survivre et de s'armer.