En optant pour le mariage de Aïcha (que Dieu l'agrée), alors qu'elle était adolescente, selon les uns, et jeune, selon les autres, quoique cette hypothèse soit la plus plausible en collant à la réalité des faits, le Prophète (P. et S. sur lui), qui était lui âgé de 53 ans, n'avait pas uniquement réalisé qu'une belle affaire sentimentale à titre personnel, comme tendent à le faire accroire ses adversaires et détracteurs d'hier et d'aujourd'hui. Ce mariage d'amour sans précédent et sans égal, entre un homme âgé et une jeune fille avec une différence qui atteint la quarantaine, est en vérité un mariage à dimension multiple touchant à tous les aspects de la vie dont, principalement, religieux, éducatif, social, économique et politique. Il est d'essence prophétique et procède de la volonté divine dans l'intérêt de l'Islam et des musulmans en donnant naissance à la principale Mère des croyants sans conteste. Le Prophète (P. et S. sur lui) le dit lui-même en confiant que toutes les femmes qu'il avait demandées en mariage, c'était avec l'autorisation divine transmise par l'Ange Gabriel (Sur lui le Salut). Il en était ainsi de Aïcha, l'adolescente, la fille prédestinée à un grand dessein. Au début, personne ne se doutait de ce qui allait suivre, pendant la période de la prophétie du vivant du Prophète (P. et S. sur lui) et après lui, en survivant près d'un demi-siècle passé entièrement au service de l'Islam, dans la transmission et l'interprétation du Coran et du hadith et l'enracinement des valeurs de la sunna. La course à pied On se plaisait à suivre parfois les sorties somme toute naturelles de la jeune mariée, de sa coquetterie, de sa jalousie, mais aussi de son intelligence hors du commun, de son dynamisme, de son attachement à son mari et ses progrès rapides pour s'imposer à des épouses, pourtant plus formées, plus expérimentées, plus aguerries et plus âgées qu'elle. Ce ne fut qu'au fur et à mesure qu'on réalisa la place et le rang de cette grande dame et de son rôle joué dans la cohésion et l'orientation de l'ouma, dans les moments les plus cruciaux. Les compagnons rapprochés et les fidèles prenaient, par exemple, un plaisir immense à voir le Prophète (P. et S. sur lui) défier sa jeune épouse dans une course à pied. Ô que c'est beau ! C'est un peu dommage que les rapporteurs ne nous avaient pas communiqué le résultat pour dire quel était le vainqueur ! En donnant ainsi l'exemple de la pratique du sport et du combat après celui de la lecture et la recherche de la science, il a dit : “Initiez-vous et vos enfants à la pratique de la natation, de la course hippique et au tir à l'arc et au lancer de fer.” Notre Prophète (P. et S. sur lui) n'est pas que l'adorateur qui courait uniquement derrière les choses de l'Au-delà. Il est vivant en mariant harmonieusement les choses de la vie et de l'après-vie. La jeune Aïcha avait tout appris de lui en profitant au maximum du laps de temps qu'elle avait vécu en sa compagnie. En tout et pour tout, dix ans, mais plein d'instructions et d'enseignements, en particulier pour ce qui touche les aspects intimes. Le Prophète (P. et S. sur lui) lui avait ouvert toutes les portes du savoir. Elle-même avait saisi l'occasion pour suivre au plus près son mari, en ne le quittant pas d'un pas. Prenez de cette rouquine la moitié de votre religion C'était l'épouse préférée. Mais c'était aussi l'élève et la disciple la plus proche de lui, la plus disciplinée, la plus intelligente, la plus dynamique et la plus assidue. C'est vrai qu'elle était aidée par la pédagogie du meilleur enseignant que la terre n'ait jamais connu. C'était le mari exemplaire et l'enseignant parfait à la fois. Elle avait été à la belle école et à la meilleure maison. La voyant venir, le Prophète (P. et S. sur lui) disait d'elle en s'adressant aux compagnons : “Prenez de cette rouquine la moitié de votre religion.” Ce qu'il avait fait pour Aïcha, il l'avait fait également pour les autres épouses, malgré leur âge avancé, et notamment pour les plus jeunes, comme Hafsa, au caractère très fort, Safia et Maria, qui héritèrent de tempéraments princiers, l'une, fille d'un chef d'une grande tribu juive et l'autre, habituée du grand luxe et manière du palais royal d'Egypte. On se rappelle les évènements provoqués par l'énorme jalousie entre Aïcha et Hafsa, d'un côté, et la belle et élégante Maria, de l'autre, et qui aurait failli emporter le harem en entier, n'était-ce l'intervention de la providence divine. Malgré les problèmes de ménage, le Prophète (P. et S. sur lui) avait préparé, avec l'aide de Dieu, ses épouses pour être réellement les Mères des croyants au plan de la spiritualité et de la conduite. Chacune d'elle était prédisposée à une spécialité. Si Aïcha était versée sur le hadith et la tradition, Hafsa, la lettrée et la cultivée, s'était spécialisée dans l'écriture et la documentation du Coran. En lui survivant pendant une très longue période, ces deux dames notamment avaient ouvert les portes de leurs maisons aux croyants, en particulier les femmes de tous les horizons pour leur apprendre ce qu'elles avaient appris directement du Prophète. C'étaient, l'une et l'autre, de véritables universités vivantes qui avaient servi la propagation de l'Islam sur près d'un demi-siècle pour Aïcha notamment, tel qu'aucun autre parmi les hommes et les savants ne l'avait fait. Les détracteurs du Prophète, lui reprochant de s'être marié à cette adolescente, en ne s'en tenant rien qu'à cet aspect pour tenter de semer la zizanie et la diversion, se trompent dans leur calcul. Le Prophète (P. et S. sur lui) avait laissé derrière lui de véritables dames qui avaient pris le flambeau avec courage et détermination pour rayonner sur le monde. Prochain article : Aïcha et le hadith, où l'université vivante. Smaïl Boudechiche E-mail: [email protected]