D'année en année, le phénomène prend de l'ampleur. Pour certains, cela est signe d'évolution de la société et du rôle de la femme dans la vie économique, pour d'autres, plus traditionnalistes, cela est presque perçu comme une hérésie. En effet, aujourd'hui, à l'approche de l'Aïd, les gâteaux traditionnels se déclinent entre confections familiales, traditionnelles, ou organisées comme une véritable petite PME. Cette activité revêt désormais un caractère économique avec la création de nombreuses micro-entreprises détenues par des femmes qui assurent la confection des gâteaux traditionnels pour les occasions comme l'Aïd, les mariages ou autres célébrations. Le phénomène est tel que les carnets de commandes sont pleins dès les premiers jours du Ramadhan, c'est dire. Ainsi, c'est presque finie la corvée des nuits blanches à la maison pour réaliser les gâteaux, comme nous le confirme Sabra, employée dans la Fonction publique : “Il est vrai que je travaille et, pour moi, faire les gâteaux à la maison, ce n'est plus possible. C'est trop fatiguant en plus entre le prix d'achat des gâteaux que tu commandes et ceux que tu fais toi-même, il n'y a pas tellement de différence. J'ai l'habitude de les commander depuis 5 ans chez une femme et je suis très contente. Le jour de l'Aïd au moins je ne suis pas fatiguée et je peux profiter de la fête et de la famille.” C'est là, en effet, la raison principale que nous avons rencontrée chez nombre de mères de famille qui assument des responsabilités multiples. Mais là où le phénomène est perçu différemment, c'est lorsque des femmes au foyer revendiquent, elles aussi, la possibilité de commander les gâteaux traditionnels : “C'est vrai que je suis à la maison. Vous connaissez nos fêtes, nos traditions, il n'y en a pas une qui ne soit pour la femme synonyme de corvée. Alors je suis pour acheter les gâteaux en plus ça permet à certaines familles d'avoir un revenu à cette occasion.” Quelle que soit l'organisation de celles qui ont versé dans cette activité, au caractère purement familial ou la micro entreprise qui emploie pas moins de 10 personnes, les gâteaux aux amandes, noix ou autres fruits secs — dont les prix ne cessent d'augmenter — sont de 35 à 45 DA la pièce, les sablés entre 400 et 600 DA le kilo. De plus, les confectionneuses de gâteaux rivalisent désormais avec la nouveauté et la présentation des gâteaux ornés de brillants et autres colorants alimentaires…