Israël Scepticisme sur toute la ligne Le ministre des Affaires étrangères israélien, Sylvan Shalom, estime que “rien ne changera tant que Yasser Arafat tirera les ficelles”, a indiqué, hier, la radio militaire d'Israël, après que le dirigeant palestinien eut demandé à Ahmad Qoreï de devenir son nouveau Premier ministre. “La nomination d'Abou Alaâ (le surnom de M. Qoreï), le président du Conseil législatif palestinien, ne permettra pas la moindre avancée pour le processus de paix tant qu'Arafat continuera à tirer les ficelles”, a dit M. Shalom au secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, lors d'une conversation téléphonique. “Arafat est l'élément le plus négatif dans la région, il est responsable de la chute du gouvernement d'Abou Mazen” (Mahmoud Abbas), a ajouté M. Shalom, dont les propos ont été rapportés par la radio. M. Shalom s'est prononcé à de multiples reprises pour l'expulsion de M. Arafat, qui a demandé dimanche soir à M. Qoreï de succéder à M. Abbas, démissionnaire depuis la veille. Un haut responsable au bureau du Premier ministre israélien Ariel Sharon s'est pour sa part montré sceptique sur la volonté de M. Qoreï de s'attaquer “aux infrastructures des organisations terroristes”, a ajouté la radio. Le président de la Commission parlementaire de la défense et des affaires étrangères Youval Steinitz (membre du Likoud, le parti de droite de M. Sharon) a proposé pour sa part, sur la radio publique, “d'expulser tout le gang de Tunis qui a signé les accords d'Oslo : Arafat, Abou Mazen et Abou Alaâ afin de permettre la tenue d'élections”. “La direction palestinienne qui émergera après le scrutin saura ce qui attend ceux qui violent les accords conclus et recourent au terrorisme contre Israël”, a ajouté M. Steinitz. Il faisait allusion au groupe de dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui se trouvaient en exil à Tunis jusqu'à leur retour dans les territoires palestiniens après la conclusion des accords de paix israélo-palestiniens d'Oslo (1993). En revanche, le député travailliste Avraham Burg, ancien président du Parlement israélien qui s'est entretenu ces jours-ci avec M. Qoreï, a estimé que la chute du gouvernement Abbas “prouve qu'Arafat est plus que jamais incontournable”. Amnesty dénonce le mur de sécurité L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a vigoureusement condamné, hier, la construction par Israël d'un mur de séparation autour d'une partie de la Cisjordanie, dénonçant les “graves conséquences économiques et sociales” de cet ouvrage sur des dizaines de milliers de palestiniens. Dans un rapport intitulé “Israël et les territoires occupés : survivre sous le siège”, amnesty international affirme que “la barrière (mur de séparation) a des conséquences économiques et sociales graves pour plus de 200 000 palestiniens”. “La barrière ou la clôture isole des tas de palestiniens du reste de la cisjordanie ou des terres qu'ils cultivent. Or, la terre dans cette zone est parmi les plus fertiles de cisjordanie, disposant de meilleures ressources en eau qu'ailleurs”, explique l'organisation humanitaire, basée a Londres. Dans ce rapport, l'organisation rend le gouvernement israélien directement responsable du “chômage, de la pauvreté, de la malnutrition et des problèmes de santé” qui touchent les palestiniens. Amnesty estime que 60% de la population palestinienne vit avec moins de deux dollars par jour et que le taux de chômage de cette population est proche de 50%. Selon Israël, la construction du mur lui permettrait d'empêcher l'entrée dans son territoire d'activistes palestiniens. La trace de cet ouvrage, que le gouvernement israélien veut faire croire qu'il suit la “ligne verte” (frontière du 4 juin 1967), pénètre en réalité par endroits a plusieurs kilomètres à l'intérieur de la cisjordanie, menaçant de dessiner à terme une nouvelle frontière entre Israël et le futur Etat palestinien. Amnesty international affirme également que la “feuille de route” n'a, pour l'heure, pas vraiment amélioré le quotidien des palestiniens, à cause du refus israélien d'appliquer les clauses de ce plan de paix international.