L'après-Arafat est sérieusement engagé par les Palestiniens qui ont déjà pourvu aux postes sensibles laissés vacants et jusqu'à sa mort par le défunt leader.Une date a été fixée pour mettre fin à la transition des soixante jours fixée par la Loi fondamentale palestinienne, et les Palestiniens entendent mettre Israël et ses soutiens face à leurs responsabilités. Soixante jours, c'est peu pour une population qui a perdu ses institutions mais pas ses repères. Et la tenue d'élections dans les soixante jours dans les territoires palestiniens est cruciale pour éviter la violence et l'anarchie, a dit hier le ministre palestinien chargé des Négociations, Saêb Erakat, au lendemain d'une fusillade qui a coûté la vie à deux policiers. « Je crois que ce qui est arrivé hier (dimanche) est honteux. Nous devons entamer un processus qui permette de restaurer la loi et l'ordre public », a déclaré M. Erakat à la seconde chaîne privée de la télévision israélienne, après cette fusillade qui s'est produite en présence du nouveau président de l'OLP, Mahmoud Abbas. Si nous n'y parvenons pas, la violence et l'anarchie vont recommencer », a-t-il ajouté. M. Erakat a estimé que la fusillade à Ghaza n'était pas une tentative d'assassinat visant M. Abbas. « Ce n'était pas une tentative d'assassinat (...) Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, mais c'est honteux et il y a lieu d'être inquiet. Apparemment, un groupe de gens armés a tiré en l'air, et il y a eu une bagarre entre certains gardes », a-t-il encore dit. L'élection pour désigner un nouveau Président de l'Autorité palestinienne doit se tenir le 9 janvier 2005. Les tirs se sont produits dans une tente de deuil érigée en l'honneur du président défunt, alors que M. Abbas (alias Abou Mazen) était sur les lieux, à la Mountada, le siège de l'Autorité palestinienne à Ghaza. M. Abbas a écarté l'hypothèse d'un attentat dirigé contre lui. « Ce qui est arrivé n'avait aucune dimension politique ou personnelle. Certains aspects de la situation sécuritaire dans les territoires palestiniens sont chaotiques », a déclaré M. Abbas aux journalistes, soulignant l'urgence « que les services de sécurité palestiniens contrôlent la situation ». M. Abbas est arrivé à Ghaza dimanche pour des réunions avec les instances de l'OLP et les services de sécurité, a-t-on appris auprès de l'OLP. Bien qu'aucune décision formelle n'ait été annoncée dimanche, des responsables du mouvement Fatah ont indiqué que sa direction avait d'ores et déjà choisi M. Abbas, 69 ans, comme son candidat à la présidentielle de janvier. La décision officielle pourrait être annoncée dans les prochains jours, selon ces sources. M. Abbas aurait l'appui du comité central du Fatah, la principale composante de l'OLP fondée par Yasser Arafat, ce qui devrait écarter une candidature de Marwan Barghouthi, le populaire chef du Fatah en Cisjordanie. Par ailleurs, le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a été nommé dimanche à la tête du Conseil de sécurité nationale palestinien en remplacement de Arafat. M. Qoreï concentrera désormais entre ses mains les pouvoirs sécuritaires, ce qu'il avait vainement réclamé du vivant de Yasser Arafat. L'Autorité palestinienne réclame, pour la bonne tenue de l'élection présidentielle, un retrait de l'armée israélienne des villes de Cisjordanie et le droit de vote pour près d'un quart de million de Palestiniens d'El Qods-Est, occupée et annexée. Les Palestiniens d'El Qods-Est avaient pu voter aux élections palestiniennes de 1996. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, a affirmé être opposé à la participation au scrutin des Palestiniens d'El Qods-Est. Mais le chef du gouvernement Ariel Sharon a souligné devant son cabinet que les déclarations de M. Shalom ne reflétaient que son opinion personnelle, en attendant qu'il fasse connaître la sienne, car cette affaire de Ghaza a vite été exploitée par la classe politique israélienne qui l'aborde avec un discours devenu récurrent. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a estimé que la tenue d'élections dans les territoires palestiniens était impérative. « Lorsqu'il y aura une direction palestinienne responsable et légitimement élue qui pourra être un partenaire, Israël sera prêt au dialogue avec elle à condition que cette direction lutte contre le terrorisme et œuvre à la coexistence pacifique », a affirmé M. Mofaz. La ministre israélienne de l'Education, Limor Livnat, une « dure » du parti Likoud (droite) d'Ariel Sharon, a indiqué à la radio qu'« il est de l'intérêt suprême d'Israël d'aider les modérés palestiniens à surmonter l'anarchie en aidant à la tenue d'élections ». Un discours qui n'éclaire pas sur l'après-Arafat côté israélien. Tout serait lié à la tenue d'élections palestiniennes, mais rien ne prouve qu'Israël ne bloquera pas le processus engagé en ce sens par les Palestiniens.