Le ministre pakistanais de la Production militaire a démissionné après avoir été convoqué par le Premier ministre afin qu'il s'explique sur des commentaires dans lesquels il critiquait l'armée nationale et l'accusait d'avoir assassiné des politiciens. Ce civil qui a cru pouvoir en faire trop dans un pays en guerre contre le terrorisme et les talibans afghans. Qayyum Khan Jatoi a accusé l'armée d'avoir tué de nombreuses personnalités publiques du Pakistan, dont le leader baloutche, Nawab Akbar Bugti, et l'ancien premier ministre, Benazir Bhutto. Rien que ça. Il avait affirmé, dans une conférence de presse télévisée, que son ministère ne fournissait pas d'équipement aux militaires pakistanais pour qu'ils tuent leurs compatriotes, citant les noms des personnalités. Le premier ministre, Yousuf Raza Gilani, l'a illico appelé pour qu'il explique ses commentaires. En sortant, l'imprudent a déclaré aux journalistes que ses commentaires avaient été effectués en son nom personnel et qu'il avait démissionné cinq heures après les avoir formulés. Le ministre pakistanais de l'information a affirmé que les accusations de son ancien collègue ne reflétaient pas la position du gouvernement. L'armée reste la plus puissante institution du Pakistan et il est risqué pour les responsables gouvernementaux de la critiquer. Les militaires ont renversé le gouvernement civil à trois reprises depuis la formation du Pakistan et ont détenu le pouvoir pendant la plus grande partie de ses 63 ans d'existence. Nawab Akbar Bugti, un leader ethnique, a été tué lors d'une opération militaire menée en août 2006. La cache de l'homme de 79 ans s'est écroulée sur lui alors que les forces de sécurité pakistanaises étaient à la recherche d'insurgés qui luttaient pour obtenir une plus grande part des profits des ressources naturelles extraites de leur région. Les circonstances exactes de la mort du leader sont controversées. Benazir Bhutto a été assassinée en décembre 2007 après avoir prononcé un discours électoral dans une ville près d'Islamabad. Le gouvernement militaire de l'époque avait blâmé les talibans pakistanais pour la mort de la politicienne. Des détracteurs du gouvernement avaient accusé le Pakistan du général Musharraf d'avoir été impliqué dans le meurtre. La controverse a eu raison du président-général qui s'est exilé en Grande-Bretagne lorsque le pouvoir est passé par voie électorale entre les mains de son opposition emmenée par le mari de Benazir.