C'est comme à son habitude, un discours des plus virulents qu'a tenu le premier secrétaire national du FFS, Karim Tabbou, à l'encontre du pouvoir, hier, à l'occasion de la cérémonie commémorative du 47e anniversaire de la création du FFS et de ses “martyrs de la démocratie” de 1963. Intervenant devant ceux qui sont connus au FFS sous l'appellation “des anciens de 63”, Karim Tabbou, qui retraçait la genèse du dramatique épisode de 1963, a tenu à souligner que “c'était parce que les idéaux de Novembre 1954 n'ont pas été respectés que des hommes ont dit non en 63”. Allant dans le détail, le premier secrétaire du FFS expliquera que “la libération du pays, la construction d'un pays démocratique et aussi la construction d'un Maghreb démocratique des peuples, étaient les trois objectifs de l'appel du 1er Novembre, mais si le premier, à savoir la libération du pays a été concrétisé, il nous est donné, aujourd'hui, de nous battre pour la concrétisation des deux autres”. En 1962, dit-il, l'Algérie a pu avoir son drapeau, son territoire indépendant mais aussi des représentants autoproclamés qui ont occupé le pouvoir par la force. Ce sont, a ajouté Tabbou, sans tabou, les choix de ces représentants autoproclamés de l'Algérie post-indépendance qui ont conduit l'Algérie à la situation que le peuple subit aujourd'hui. “Les colons français ont quitté les villas d'Hydra juste pour qu'ils soient remplacés par de nouveaux colons”, dira le premier secrétaire du FFS qui, pour étayer ses déclaration ajoutera qu'“une scène du mois de Ramadhan dernier est à ce titre des plus frappantes : alors que les bourgeois se bousculaient pour assister à un gala d'une chanteuse libanaise payée pour 15 milliards de centimes à la salle Ibn-Khaldoun, à quelques mètres en face, des familles entières se bousculaient pour s'offrir une soupe de la rahma qui a remplacé la soupe des indigènes du temps du colonialisme, et ces deux scènes se produisirent des deux côtés du Palais du gouvernement”. Une image, dira Tabbou, qui résume la situation de l'Algérie du peuple et de celle de ceux qui la gouverne. Par ailleurs, le premier secrétaire national du FFS a animé, mardi dans la soirée, une conférence à Akfadou (Béjaïa). Le conférencier, accompagné du Dr Khelaf et de M. Toutou, respectivement premier secrétaire fédéral et vice-président de l'APW de Béjaïa, et d'autres cadres du parti. Le chef de file du parti de Hocine Aït Ahmed a dressé un tableau des plus noirs de la situation que traverse le pays. Il entamera son intervention par la question de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. “Le projet de la réconciliation a échoué. Le pouvoir a reconnu l'existence de 25 000 repentis. On ne nous a jamais informés qui a fait quoi et qui a commis quoi, et ce, pour savoir qui a bénéficié de cette charte”. “Le pouvoir a, à présent, 25 000 criminels qu'il utilise comme il veut.” Au sujet des disparus, il dira que “les disparitions ne sont pas des cas isolés ou des erreurs des services de sécurité algériens. C'est une politique orchestrée par le pouvoir en place. Nous avons toutes les preuves pour l'affirmer.” Toujours dans le même ordre d'idées, il ajoutera que “depuis 1991, des promesses ont été faites aux Algériens, par respect, il est temps de rendre des comptes”.