C'est en présence d'une foule nombreuse, massée sur le parvis de la mairie de Ghardaïa, perle architecturale de Fernand Pouillon, que le top de début du 2e Festival de la chanson et de la musique du M'zab a été donné jeudi soir. En effet, la célèbre troupe de zorna et de karkabou de la ville de Ghardaïa, unique en son genre de par ses effets vestimentaires composés de serouals mozabites et de tuniques en coton, bariolés de couleurs vives et ocres et de motifs locaux, a assuré un spectacle ponctué de détonations de baroud tirées par des karabilas centenaires, invitant à sa manière la population à assister à ce festival qui tend, de par sa réussite, déjà acquise lors de la précédente édition, à devenir incontournable sur la scène artistique locale et régionale. Ce qui n'était qu'un préambule puisque l'ouverture officielle a eu lieu au cinéma M'zab, construit au lendemain de l'indépendance du pays et dont l'état de décrépitude et de dégradation avancé devrait faire réagir les responsables locaux à l'effet d'accorder un peu plus de respect à la culture et aux gens qui continuent, malgré toutes les vicissitudes, à assurer et garder un souffle culturel et artistique à la région. Ce qui renseigne, a priori, sur le degré de respect que nos responsables accordent à l'art et à la culture, car il faut le marteler, sans infrastructures et salles, il n'y a point d'art. Toute autre espèce de gesticulation n'est que discours tam-tam. Il est, en effet, dommage et inconcevable en même temps de constater que malgré la beauté de cette bâtisse, rien n'est fait pour lui épargner l'usure du temps, d'autant plus que c'est la seule salle de spectacles existante à toute l'échelle de la wilaya. Est-il en même temps admissible de “parquer” à l'intérieur de cette enceinte plusieurs centaines de personnes dans une espèce d'étuve, où ni les artistes ni les spectateurs, en nage, ne peuvent donner libre cours à leur amour de l'art dans toutes ses expressions ? Et dire que le moindre et illustre inconnu de semblant de responsable de n'importe quoi ne s'embarrasse nullement de doter en premier, compte tenu des spécificités de la région, son bureau des dernières technologies en matière de froid et de climatisation, alors qu'il ne rapporte ni ne donne absolument rien à la société dans son ensemble. Pour en revenir au festival en lui-même, il a été entamé par une pièce théâtrale musicale en mozabite symbolisant le passage du témoin entre les générations dans un esprit de vie communautaire. Il faut signaler dans cette troupe la présence d'une fillette de 12 ans à la voix sublime, qui a de qui tenir. En effet, c'est la fille du chanteur Djamel Debache, dit Izli, interprète de la mythique chanson mozabite, Lachi Lachi, avec le groupe Otchidane qui a reçu d'ailleurs à l'occasion un hommage mérité. Nous aurons certainement l'occasion de découvrir cette petite merveille en pleine éclosion artistique. Ensuite vint le temps de l'hommage à l'enfant de Béni Izguène qui n'a jamais ménagé le moindre effort pour apporter sa contribution à l'édifice culturel local. Nous avons cité le maestro et virtuose du synthétiseur, auteur compositeur et arrangeur, en l'occurrence le toujours modeste et souriant Djamel Bafdel, qui a reçu une standing ovation à la hauteur de son immense talent et de son indéfectible engagement culturel local et national. La soirée fut clôturée par un récital d'envoûtantes chansons targuie, expression profonde de l'identité des Touaregs, interprétées par la troupe du Tassili Najjers emmenée par le chanteur et virtuose du oûd, Chakali Ahmed, dont le public émerveillé par les rythmes et les voix ensorcelantes de la chorale féminine targuie, combiné à un jeu de lumière simple et sobre mais très esthétique, vibrera sous les rythmes de cette musique festive, ne voulant absolument pas quitter la salle. Mais ce n'est que partie remise puisque les organisateurs ont prévu un autre passage de cette troupe pour le lendemain. Le journal Liberté, à travers son correspondant local, fut aussi honoré à cette occasion pour avoir toujours été là afin d'apporter son soutien médiatique à toute expression et/ou événement culturel. L. K.