De nombreux actes de violence contre les femmes sont toujours pratiqués. Plusieurs appels téléphoniques anonymes parviennent chaque jour au centre d'écoute de l'association Rachda. Les témoignages de ces femmes sont une preuve concrète que la violence contre ces dernières est de plus en plus accentuée dans notre société. Est-ce qu'il ne faut pas, aujourd'hui, prendre des mesures plus sévères à l'égard des coupables ? Ces femmes ont besoin de solutions et d'engagements à long terme afin de supprimer la violence en adoptant et en appliquant des lois qui leur garantissent leurs droits. En effet, des témoignages au quotidien démontrent la réalité que vivent, dans la grande douleur, beaucoup de femmes. Ces dernières continuent de subir les violences de la part de leur mari, père, frères ou pis encore par leurs propres enfants. Un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans notre société. En témoignent les appels téléphoniques reçus chaque jour au centre d'écoute pour les femmes en détresse de Mohammedia. “Il faut dire que la violence contre les femmes est toujours là. Un véritable fléau social qui suppose une prise en charge urgente et spécifique. Ces femmes en détresse physique et morale, démunies, devraient bénéficier d'un soutien psychologique et médical dans une structure spécialisée ainsi que d'un conseil juridique. Et c'est notre mission principale que nous essayons de remplir avec le peu de moyens dont nous disposons”, nous expliquera Mme Aldjia Smaïl, psychologue et responsable du centre d'écoute de l'association Rachda à Mohammedia. “Les appels téléphoniques anonymes que nous recevons chaque jour et le nombre important de femmes accueillies au centre témoignent de l'ampleur du problème de la violence contre les femmes, et de la gravité de leur situation dans notre société”, insiste notre interlocutrice. L'association Rachda œuvre pour la protection des femmes divorcées et leurs enfants, des mères célibataires et des femmes violées depuis sa création en 1996. Le siège accueille dans huit chalets une trentaine de femmes venues de différentes régions du pays. “Nous avons un centre d'écoute qui fonctionne avec une seule ligne. Notre ambition est d'obtenir un numéro vert pour permettre aux femmes en difficulté de nous contacter. Nous avons des cas de femmes qui ne peuvent prendre le temps de nous expliquer leurs problèmes car, souvent, elles appellent d'un portable ou d'une cabine téléphonique, donc, leurs moyens financiers sont limités”, poursuit encore Mme Smaïl. Le deuxième souci abordé par notre interlocutrice est celui des moyens financiers. “L'association ne perçoit aucune subvention gouvernementale et ces femmes et ces enfants ont besoin de denrées alimentaires, de produits d'hygiène, de vêtements et de literie. Il est vrai que l'APC de Mohammedia a mis à notre disposition ces chalets et nous ne payons aucune charge (électricité, eau et gaz). Nous recevons également des denrées alimentaires, mais il faut une subvention pour améliorer davantage la situation de ces femmes. Nous voulons que les pouvoirs publics donnent un quota de logements sociaux à ces dernières qui sont des mères de famille. Il leur faut également des formations et du travail”, souhaite Mme Smaïl. Le centre d'écoute accueille ces femmes et leurs enfants victimes du terrorisme. Elles apprennent à se reconstruire et à préparer un nouveau départ grâce à l'aide permanente des juristes, médecins et psychologues bénévoles qui sont à leur écoute. “L'objectif principal du centre est l'insertion professionnelle, sociale et le logement. L'accès à ce dernier demeure le problème numéro un pour nous. Quelques femmes se mettent à deux ou à trois et louent de petits logements selon leurs moyens, mais d'autres restent au centre pendant longtemps. Il est vrai qu'il n'y a pas de solution à long terme pour ces femmes qui, une fois dans la rue, risquent de retomber dans la violence.” Face aux crises conjuguées du logement et de l'emploi, l'association tente tant bien que mal de faire jouer ses réseaux de solidarité. La capacité d'accueil du centre est de 40 personnes, mais la moyenne générale est de 30. “Nous sommes un centre de transit, dont la durée d'hébergement est de trois à six mois”, note encore Mme Smaïl. - ll Deux numéros de téléphone sont mis à la disposition des femmes en détresse. Pour prendre contact avec le centre d'accueil, appelez le 021 82 00 75/ 021 82 00 76 Le centre d'écoute : 021 82 53 54, tous les jours de 9h à 17h sauf le week-end - Selon les résultats d'une enquête réalisée en 2008, 47% des femmes battues, soit près d'une femme sur deux, sont âgées de moins de 30 ans. Il est à signaler qu'aucune tranche d'âge n'est épargnée, même pas les femmes dont l'âge dépasse les 60 ans et qui représentent près de 10% (c'est-à-dire celles qui sont battues par leurs propres enfants). Sur 100 femmes, 50% sont mariées et 32% sont célibataires. Par ailleurs, 55% des femmes battues ont un enfant à charge. Les motifs de l'agression sont répartis comme suit : conflits conjugaux (36%), voisinage (7%), femmes battues sur leur lieu de travail (5%). Dans 94% des cas, l'agresseur est connu par la victime, 30% des femmes sont battues par leur mari, 26% par le voisinage. 75% des agresseurs sont des hommes et 24%, soit 1 agresseur sur 4, sont des femmes. L'âge de 51% des agresseurs varie entre 20 et 40 ans. Dans 27% des cas, le niveau d'instruction de l'agresseur n'a pu être déterminé. 54% des agresseurs ont un niveau moyen et 20% n'ont aucun niveau d'instruction. Il est important de signaler que 8% ont un niveau universitaire.