La corruption, un mot qui fait mal. C'est le pire des maux ! Du verbe corrompre, étymologiquement il vient du latin corrumpere, briser complètement, détériorer, physiquement ou moralement. La corruption a plusieurs synonymes. “Dessous-de-table”, “pot-de-vin”, “bakchich”, “concussion”, et lorsque sa pratique est généralisée à tous les rouages de l'état, sans que ses auteurs soient aucunement inquiétés, celle-ci s'apparente à ce que l'on appelle de la kleptocratie. Un système dont les dirigeants et les responsables pratiquent la corruption à grande échelle à des fins d'enrichissement ou de pouvoir personnel. Kleptocratie, que c'est moche ! Ce néologisme a été créé par l'écrivain Patrick Meney pour désigner le gouvernement de la Russie à la fin de la période communiste et d'Eltsine. Ainsi, le terme kleptocratie sert souvent à qualifier des pays africains ou de l'ex-URSS, à propos des revenus prélevés sur l'exploitation de matières premières (pétrole, gaz naturel, diamant… ). C'est un système fonctionnant sur la corruption, le vol, la rapine et les détournements généralisés à tous les paliers de l'état, des institutions et des entreprises publiques, du sommet à la base. Puisque la corruption affecte aussi bien la sphère politique que la société civile. Et c'est aussi une maladie qui ne se soigne pas. Sauf l'éradiquer à ses racines, c'est-à-dire à sa tête. Elle est la première conséquence de la faiblesse des institutions. Elle détruit tous systèmes de valeurs morales et est connue pour être la source de démotivation de toute initiative émanant du peuple. Mais la corruption a besoin, pour se répandre, de deux acteurs. Corrupteur et corrompu. Un ignoble couple inséparable. Pour que la corruption aboutisse, il faut que chacun des deux antagonistes en tire un indu avantage. En principe, des avantages réciproques indus sont la condition sine qua non pour établir l'acte de corruption. Mais, chez nous, pour être seulement rétabli dans ces droits les plus légitimes, on est confronté à des situations où l'acte de corruption devient l'unique clé de voûte. La corruption est aujourd'hui un geste banal. Au point que la moindre action obéit à la loi du bakchich. Un tel comportement généralisé de la part d'un fonctionnaire procure un puissant sentiment de pouvoir sur les humains. Sur les femmes et les hommes, réduits au rang de quémandeurs. Quémandeurs de leur dû. Ils deviennent, en fait, le deuxième élément du couple “corrupteur-corrompu”, dont a besoin l'acte de corruption. Mais ont-ils seulement le choix ? Encore un problème de casting ! Celui à qui incombe la responsabilité de protéger les administrés et tous les Algériens de ce type de dérives est l'état, à travers ses différentes structures. Mais, c'est souvent à ce niveau-là justement que l'on enregistre le plus grand nombre d'infractions à la loi et à l'éthique. Parce que à ce niveau, la vertu ne fait pas partie des conditions du “casting” ! Mais, qui juge qui ? Ne dit-on pas qui se ressemble, s'assemble ? Et lorsque des corrompus se rassemblent, ça donne “association de malfaiteurs”, ce qui, dans la loi et en théorie, est un délit majeur. Mais la justice n'a rien vu ! Tout comme le décret présidentiel n°06/413 du 22 novembre 2006 qui demeure une simple initiative virtuelle. Il avait pourtant fixé la composition de cet organe de prévention et de lutte contre la corruption, son organisation et son fonctionnement, mais ses membres restent toujours inconnus, faute de leur désignation. La corruption a encore de beaux jours devant elle, du moins tant que l'on se retrouve avec le même personnel politique. Et les faits sont là pour nous rappeler à la réalité. Le dernier acte du genre, le rejet par l'Assemblée populaire nationale de la requête, initiée par 25 députés de tendances diverses, de créer une commission d'enquête parlementaire sur la corruption. Le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, a opposé une fin de non-recevoir à cette idée, qualifiée de saugrenue. Il ne faut pas rêver ! Faut pas rêver ! Si une telle commission existait, on aurait peut-être évité à nos décideurs de faire des bévues, comme ce fut le cas dernièrement dans l'affaire @Djezzy. Pendant que l'on tergiversait à de mauvais calculs avec l'argent public, c'est tout le groupe qui est cédé aux Russes. Comble de l'ironie, ces derniers, en généreux hommes d'affaires, viennent nous proposer ce que nous avions chez nous, pour le double du prix ! C'est de bonne guerre ! Et c'est à quelque chose près le même scénario qui s'est produit dans l'affaire Lafarge. Mais, quand il s'agit de deniers de l'état, c'est-à-dire l'argent des Algériens, il n'y a aucun risque de se tromper ! Et personne ne vous demandera des comptes. Pourquoi alors ne pas jouer dans la cour… des petits, comme nous l'a suggéré un fidèle lecteur, il y aurait moins de risques pour l'économie algérienne. Juste pour voir ! Duperie, naïveté, corruption, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné pour se faire avoir à chaque fois, sans que l'on ne daigne retenir des leçons ? On voit mal un opérateur économique algérien privé agir de la sorte ! Et si on leur confiait les destinées du pays, juste pour un temps ? Juste pour voir ! On est au moins sûr d'une chose : dans le pire des cas, ils feront mieux. Car pire, c'est impossible… On a touché le fond et on est en train de creuser. Il faut arrêter de creuser ! R. L. [email protected]