La session criminelle du tribunal près la cour d'Alger, ouverte officiellement le 10 octobre dernier, a entamé son planning par une affaire qui avait défrayé la chronique au début de l'an 2000. Il s'agit du cambriolage de l'agence BDL d'Ali-Boumendjel au square Port-Saïd. Un procès en cassation qui a été renvoyé lors de la précédente session criminelle en raison de l'absence de l'un des avocat vient d'être reporté au 24 octobre prochain pour le même motif. Les deux principaux accusés avaient été condamnés en 2002 à la perpétuité, un autre, en fuite, à 20 ans de réclusion et les 7 autres complices, dont 4 femmes, entre 5 et 3 ans de prison ferme. Les 9 inculpés liés notamment par des liens de parenté et d'amitié sont poursuivis pour les chefs d'inculpation d'homicide volontaire avec guet-apens, vol qualifié (nocturne) par effraction, détention illégale d'arme à feu et faux et usage de faux. Le cambriolage de la BDL de la rue Ali-Boumendjel remonte à la nuit du 21 au 22 avril 2000 alors que l'agence était officiellement fermée pour travaux. Les prestations de la banque ont été transférées au niveau d'El-Mouradia, mais les coffres contenant des milliards de dinars qui se trouvaient au sous-sol de l'agence d'Ali-Boumendjel sont restés sur place. L'édifice en travaux n'a pas été complètement déserté et les agents de sécurité de la BDL sont, eux aussi, restés en poste à Alger pour veiller à la sécurité des lieux, jour et nuit. Nul ne se doutait que le chantier allait être le théâtre d'un meurtre suivi de cambriolage d'une grosse somme : près de 14 milliards de centimes. À en croire les révélations des principaux accusés lors de l'interrogatoire, le fameux projet de casse de l'agence BDL a été décidé par hasard, au cours d'une discussion banale entre le principal accusé, T. Mohamed, agent de sécurité dans la même banque, et son collègue assassiné, ainsi que son gendre N. Kamel. “Nous sommes assis sur 100 milliards, alors que je ne possède pas un sou. Je n'hésiterai pas à casser cette agence si je trouve des acolytes.” C'est cette phrase assassine lancée, au cours de la discussion par le défunt gardien, qui a tout déclenché. Un véritable stratagème a été mis en place par les trois personnes qui ont décidé de mettre dans la confidence d'autres membres de leur famille dont des épouses et des sœurs. Et c'est pour garder le “petit” secret dans le cercle familial seulement que l'un des accusés a, dans la nuit du vol, décidé “en solo” de se débarrasser d'un complice gênant, à savoir l'agent de sécurité qui a soufflé l'idée du cambriolage. Le butin sera partagé et la vie des familles des auteurs du vol change complètement. Voitures de luxe, villa, bijoux, commerce… Et comme le hasard fait bien les choses, c'est aussi par un pur hasard et une année après le cambriolage que l'un des inspecteurs chargé de l'enquête à l'époque croise l'agent de sécurité, tête pensante du groupe, au volant d'une voiture de luxe. Ses soupçons et ses interrogations sur ces subits “signes de richesse” d'un simple agent de sécurité, et surtout les nouvelles investigations, ont permis aux enquêteurs de remonter à toute la bande familiale qui a commis le cambriolage. Même si le fonctionnaire de la BDL prétendait que la richesse n'est pas le fruit d'un vol, voire pis, de l'assassinat d'un collègue, mais il la doit à son fils prodigue qui est rentré de France pour faire des affaires en Algérie. Les perquisitions dans les domiciles des membres de la famille ont permis de grosses découvertes qui ont aidé les enquêteurs à lever le voile sur cette affaire.