Après avoir secoué plusieurs mouhafadhas à travers le pays, la violente campagne de “redressement” du FLN vient de connaître son apogée à Annaba. Un sénateur aurait même brandi son arme de poing contre des militants de l'autre bord. Ce n'est pas la première fois que les guerres de succession ébranlent le parti unique. Les échéances de renouvellement de structures donnent régulièrement lieu à des scènes d'explication de bandes rivales. On se souvient de l'épisode épique de l'invasion de mouhafadhas par des maîtres dobermans. Les expéditions, parfois nocturnes, souvent menées par des responsables politiques et des notables du parti, se multiplient. Wilaya après wilaya, les locaux du FLN se transforment en théâtres de batailles rangées, avec usage d'armes blanches entre clans. La forme d'expression violente qui se manifeste à la veille de chaque échéance, quand elle n'est pas désamorcée par “un coup d'état scientifique”, est inhérente à la culture du FLN. Il suffit de se rappeler de ce que, dès l'indépendance, l'option même du parti unique avait coûté en vies humaines, en emprisonnements, en exils et en supplices pour des leaders du FLN historiques partisans d'une évolution démocratique, pour s'en convaincre. En fait, en pleine guerre de libération, des clans décidés à s'emparer d'un Etat encore en projet profitent du contexte pour passer de la violence révolutionnaire légitime à la violence politique putschiste. Depuis, cette violence a toujours accompagné la pratique politique du sérail. La pérennité monopoliste de l'appareil de clans, menacée par les luttes démocratiques, n'a été possible qu'au prix de sacrifices humains et politiques incommensurables : les libertés d'associations et d'opinion et les droits de l'Homme sont indéfiniment immolés sur l'autel de la survie du parti FLN. Pour défendre le détournement du sigle d'un front solidaire au profit d'un parti unique et sectaire, il a fallu recourir aux éliminations physiques, aux méthodes policières, à la répression brutale et aux intimidations. L'Algérie aura longtemps combattu la démocratie, la quête identitaire, la liberté d'expression pour le futile motif d'assurer l'exclusivité du pouvoir à un appareil que se disputent des réseaux dont la seule conviction est d'accaparer indéfiniment le pouvoir et la rente qu'il leur assure ! Si la police est parfois appelée à contenir la violence endogène du parti unique, comme ces jours-ci à Annaba ou ailleurs, il arrive que l'armée et les forces de l'ordre paient de leur image la sauvegarde de cet appareil politique anachronique, en intervenant pour réprimer les désordres récurrents produits par un appareil qui, invariablement, mène le pays au chaos, comme en 1988 ou en 1991. Ce n'est pas un hasard si le principal fondateur et dirigeant du FIS est un laissé-pour-compte du FLN, ce qui explique, au moins en partie, la conversion naturelle de ce parti en armée de la violence. Le FIS n'est qu'une excroissance tuméfiée du FLN, ce qui explique les osmoses de militants entre les deux “fronts”, Sant Egidio, et la “réconciliation“. La violence politique est un héritage culturel du faux départ politique de l'Algérie indépendante. Un faux départ, ça se refait. On a trop tardé. M. H. [email protected]