Sur le terrain, encore moins dans les diverses régions de l'Algérie profonde, les signes de développement sont rarement apparents. Les dépenses publiques de l'Algérie, notamment celles relatives à l'investissement ont enregistré une hausse considérable durant ces dix dernières années. Les investissements publics ont, en effet, représenté en moyenne, 13% du produit intérieur brut (PIB) entre 2000 et 2009. Ce taux record, faut-il le souligner, reste le plus élevé, jamais atteint par les pays émergents et certaines nations développées : la Turquie où les investissements d'infrastructures liés aux projets de développement régionaux ont été évalués respectivement à 0,9% et 2,9% du PIB en 2008 et 2009. Au Brésil, qui fait partie des grands pays émergents appelés communément Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine), le gouvernement a annoncé récemment des réductions des dépenses dans son budget de 2010. Les besoins de financement du secteur public brésilien, quand bien même ils sont élevés par rapport aux autres pays de la région, sont estimés à moins de 10% du PIB. à la lumière de ce comparatif, l'on peut dire que des sommes excessives sont consacrées chaque année au chapitre des équipements et des infrastructures. Or, sur le terrain, surtout au sein des diverses contrées de l'Algérie profonde, les signes de développement sont rarement apparents. L'on est tenté de dire que l'argent dépensé ne fait pas encore le bonheur du simple citoyen algérien. Des montants chiffrés en centaines de milliards de dollars sont débloqués dans le cadre des deux derniers plans quinquennaux pour que des projets structurants soient réalisés. Cette “aisance” budgétaire a été favorisée, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, par une stabilité financière permettant de poursuivre le programme d'investissements publics. Ceci n'a pu être possible, explique-t-il, qu'après avoir concrétisé une consolidation des réserves du Trésor. Lors de la présentation du rapport annuel sur l'évolution économique et monétaire de l'Algérie au 1er semestre 2010, hier, devant l'Assemblée populaire nationale (APN), M. Laksaci a déclaré que les réserves du Trésor ont atteint au 1er semestre 2010, 292,3 milliards de DA au titre des dépôts auprès de la Banque d'Algérie. Taux d'inflation record en 10 ans : 5,7% Ce qui a permis de réduire le déficit à 61,6 milliards de DA contre 228,7 milliards de DA au 1er semestre 2009. Cependant, l'inflation enregistre en Algérie son plus haut niveau depuis dix ans avec un taux estimé à 5,7%, en dépit du recul enregistré dans les autres pays. L'inflation intérieure “tirée par la hausse des prix des produits alimentaires, notamment les produits agricoles frais”, a remplacé l'inflation importée en 2009, indique le gouverneur. Pour le premier responsable de la Banque d'Algérie, les réserves de changes officielles ont atteint 146,23 milliards de dollars à fin juin dernier alors que la dette extérieure a été évaluée à 4 milliards de dollars. M. Laksaci a rappelé également que les exportations d'hydrocarbures avaient reculé de manière substantielle en 2009 enregistrant 44,41 milliards de dollars, soit une baisse de 42,46% par rapport à 2008. Un tel bilan confirme néanmoins, précise-t-il, la solidité de la situation financière extérieure de l'Algérie. La balance des paiements a enregistré un solde positif de 7,1 milliards de dollars à la faveur de l'accroissement des exportations d'hydrocarbures qui sont passées à 27,6 milliards de dollars, soit une hausse de 38,3% par rapport à la même période de l'année précédente. Quant à son excédent (de la balance des paiements), M. Laksaci a précisé qu'il avait enregistré un recul considérable en 2009 en raison de la baisse des recettes des exportations pétrolières, passant d'un record en 2008 avec 34,45 milliards de dollars à 0,41 milliard de dollars en 2009. Il affirme, en outre, que la croissance économique enregistrée en 2008 s'est poursuivie au même rythme en 2009. Elle est de l'ordre de 2,4% du PIB global, soit l'équivalent de 10 017,5 milliards de DA. à la lecture du rapport, l'on relève que la récession qu'a connue le secteur des hydrocarbures pour la quatrième année consécutive n'a pas eu d'impact sur l'économie nationale. Une croissance hors hydrocarbures de 9,3% Celle-ci est restée stable durant l'année écoulée grâce notamment à la vitalité d'autres secteurs comme l'agriculture, les services, le bâtiment et les travaux publics, a-t-il précisé. Les secteurs hors hydrocarbures ont réalisé de meilleures performances en 2009 avec une croissance de 9,3 du PIB, soit la meilleure performance depuis la dernière décennie, avec une hausse de 3 points par rapport à l'année précédente. Ceci est dû, commente M. Laksaci, à la vitalité des secteurs de l'agriculture (20%), des services (8,8%), du bâtiment et des travaux publics (8,7%) dans une conjoncture marquée par la relance de l'activité industrielle et la baisse du taux de chômage (10,2%). Toutefois, “ces performances hors hydrocarbures restent tributaires des programmes d'investissement publics alors que l'économie nationale demeure dépendante, pour sa part des ressources en hydrocarbures et des importations”, nuance le gouverneur de la Banque centrale. Malgré les incidences du choc externe de la crise financière mondiale, l'épargne du Trésor a permis, par ailleurs, la poursuite du programme d'investissement de l'état. Concernant les ressources du Fonds de régulation des revenus, elles ont atteint un montant évalué à 4 316,5 DA à la fin 2009.