Le leader de la majorité John Boehner a annoncé, dans une conférence de presse au lendemain des élections, la révision de la loi portant sur la réforme de l'assurance santé, un projet déjà adopté par la Chambre des représentants, l'un des plus précieux accomplissements du président Obama. “Dans notre démocratie, le pouvoir demeure non pas avec ceux parmi nous qui occupent des postes d'élus, mais avec le peuple que nous avons le privilège de servir”, a déclaré le président Obama dès le début le la conférence de presse du 3 novembre accordée à partir de la Maison-Blanche, à 13h, heure de Washington DC, au lendemain des élections qui ont vu la défaite des démocrates, son parti politique, aux élections à la Chambre des représentants. Vraisemblablement épuisé par une longue nuit faite de doutes qui ont fini par confirmer ses craintes et un sommeil qui a dû être de courtes heures, le président Obama est apparu devant les journalistes dans le calme et la sérénité que l'on lui connaît déjà, mais l'air plus modeste que d'habitude et une voix aux tonalités arrondies qui tente un tant soit peu de dissimuler sa déception et de rendre moins pesants les aveux d'un échec désastreux que les républicains traduisent d'ores et déjà tel un référendum contre sa crédibilité, interprétant tout simplement les élections et leurs résultats comme étant “un vote-sanction” du programme présidentiel. Aussi, dès les premières phrases toutes destinées à rappeler pourquoi les Américains l'avaient élu puis, après avoir retracé brièvement le parcours politique et argumenté le bilan des deux dernières années, positif, selon lui, sans oublier évidemment de faire allusion à la situation dont il a héritée de l'administration Bush, le président Obama a tenu à souligner que son administration avait fait un bon progrès, mais que “clairement, beaucoup d'Américains n'ont pas ressenti les effets de ce progrès encore et ils nous l'ont dit hier”, a-t-il déclaré. Puis, ne cherchant ni à se dérober ni à se cacher derrière un voile d'excuses, il ajoute : “Comme président, j'assume pour cela l'entière responsabilité.” La conférence se poursuit alors avec une transition quasi immédiate vers la cohabitation avec les républicains. Le président Obama exprime alors ses vœux de collaborer pleinement avec la majorité républicaine et leur leader John Boehner dans l'intérêt de l'Amérique, mettant l'accent sur la gravité de la situation économique mais sans toutefois négliger de lancer la contre mesure au pouvoir qui sera entre les mains des républicains : “Ce que hier (le résultat des élections) nous a aussi appris est que aucun parti ne sera en mesure de dicter où nous irons à partir de maintenant, que nous devons trouver un terrain d'entente dans le but de progresser face à certains défis peu communs et difficiles.” Le président Obama avait la veille contacté John Boehner, dont le statut venait d'évoluer de leader de la minorité à leader de la majorité auprès la Chambre des représentants, pour le féliciter de la victoire de son parti et d'initier aussi les bases de la cohabitation qui s'articulerait, selon un premier consensus, autour de deux axes essentiels qui seront de limiter les dépenses et de créer des emplois. John Boehner, qui vient d'être élu pour un onzième mandat à la Chambre des représentants, son troisième en tant que leader des républicains, avait à son tour certes manifesté l'intérêt de son parti à travailler avec le président Obama, mais n'a certainement pas omis de s'annoncer en opposant ferme au programme présidentiel. “Le peuple américain a adressé un message sans nuances au Président ce soir, et ce message est "change de parcours"”, a-t-il déclaré le soir même des élections dès que la victoire de son parti fut annoncée. Il déclare aussi dès le lendemain l'intention de sa majorité de réviser le projet de loi sur l'assurance santé, projet déjà entériné par la Chambre de représentants, qui, à son avis, risque de provoquer une perte d'emplois aux Etats-Unis. En chiffres, l'élection à la Chambre des représentants a attribué de manière finale 239 sièges aux républicains contre 186 sièges aux démocrates, situant ainsi les républicains au-delà de la limite requise de 218 sièges pour l'obtention de la majorité. Au Sénat, les démocrates ont réussi à conserver la majorité avec 52 sièges contre 46 pour les républicains qui évoluent ainsi de 5 sièges par rapport à la composition du Sénat précédent. Le mouvement Tea Party, qui tient son nom d'un événement historique de protestation contre l'augmentation des taxes sur le thé vert par les Anglais en 1773, the Boston Tea Party, n'avait pas présenté directement de candidats sous le nom de son mouvement, mais avait annoncé son soutien à plus d'une centaine de candidats, tous républicains. Ainsi, l'impact de ce mouvement qui refuse encore d'afficher un leader reste difficilement mesurable. Le siège de sénateur de l'Etat de l'Illinois, devenu vacant à l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche et qui avait fait l'objet d'un scandale politique, le gouverneur Rod Blagojevich ayant tenté de monnayer sa position au Sénat, revient à présent au républicain Mark Kirk. En marge des élections pour la Chambre des représentants et celles du Sénat, des élections pour le poste de gouverneur se sont aussi déroulées en parallèle donnant l'avantage aux républicains de 4 Etats. Arnold Schwarzenegger a atteint la limite en clôturant ses deux mandats en tant que gouverneur de la Californie, et la Caroline du Sud a élu pour la première fois une femme du Parti républicain au poste de gouverneur, d'origine indienne et de parents sikhs.
