La France demeure le premier partenaire en matière d'investissement hors hydrocarbures. Mais sur le plan politique, les choses sont autrement moins solubles dans le climat délétère qui les caractérise. Intérêt mutuel, coopération et esprit de partenariat : c'est ce qui ressort de cet entretien, et qui pourrait constituer une feuille de route pour J-P. Raffarin, nommé Monsieur Algérie par le locataire de l'Elysée. C'est exactement ce que souhaite l'Algérie, c'est-à-dire une coopération équitable basée sur le gagnant-gagnant. Alors pourquoi la désignation d'une personnalité, hors équipe gouvernementale, pour s'occuper spécialement des relations algéro-françaises ? D'autant que son vis-à-vis, côté algérien, n'est autre que le ministre chargé du secteur de l'investissement qui, lui, est plus technique que politique. Si l'on se réfère aux précédents bons offices de Jean-Pierre Raffarin en Chine, c'est qu'il y avait de l'eau dans le gaz : la question tibétaine et la visite du Dalai lama dans la capitale française. Des contrats énormes étaient en jeu. Finalement, le business avait supplanté les considérations purement politiques. Est-ce le même cas concernant nos deux pays ? Sur le plan économique, M. Raffarin est, on ne peut plus clair, sur le fait que l'Algérie est “souveraine dans ses décisions”. Preuve en est que, malgré les dispositions jugées contraignantes, introduites dans la loi de finances complémentaire 2009, la France demeure le premier partenaire en matière d'investissement hors hydrocarbures. Mais sur le plan politique, les choses sont autrement moins solubles dans le climat délétère qui les caractérise. D'abord cette loi du 23 février relative aux “bienfaits de la colonisation”, initiée par des membres influents du parti présidentiel, ensuite la garde à vue interminable d'un diplomate algérien (Mohamed-Ziane Hasseni), qui finira par bénéficier d'un non-lieu. Enfin, la courroie de liaison du côté français, au niveau politique, n'a pas fait montre d'un enthousiasme particulier pour dégeler les relations. Bernard Kouchner, puisqu'il s'agit de lui, avait, au contraire, à coup de déclarations intempestives et à la limite de l'irrespect, contribué à envenimer un peu plus ces relations déjà tendues. Persona non grata en Algérie, c'est à son successeur, Mme Alliot-Marie, que le chef de l'Etat algérien a consenti à dire que les “relations se portent bien”. Se porteront-elles mieux, sur les deux plans, avec J-P Raffarin à l'économie et Alliot-Marie aux questions politiques ? L'avenir nous le dira. O. A. [email protected]