Des infirmières indélicates assistaient un couple marié pour tuer les fœtus de moins de cinq mois. Un infirmier du CTS au CHU Mustapha-Pacha était derrière le vol des pilules d'avortement, et c'est un salon de coiffure qui servait de “bureau de liaison” Les scandales se suivent et ne se ressemblent pas dans le Grand-Alger. Le gain facile étant souvent l'unique mobile du crime qui prend des proportions alarmantes, des individus sans scrupules abusent de la confiance des uns et de la naïveté des autres pour commettre leurs forfaits. C'est ainsi que des dizaines de jeunes filles se sont fait avorter sur les hauteurs d'Alger, plus exactement à Cheraga, où un couple “exploitait” clandestinement son appartement, transformé pour les besoins de cette filière, en “clinique médicale de l'avortement”. Des avortements payés rubis sur l'ongle par les victimes, à raison de 25 000 et 70 000 DA et dont le bénéfice est soigneusement réparti entre fournisseurs de pilules, à savoir les assistantes – des infirmiers et une femme de ménage exerçant aux Centres hospitalo-universitaires (CHU) de Béni-Messous, de Parnet à Hussein-Dey et de Mustapha-Pacha de Sidi M'hamed ; les “démarcheurs” et, enfin, les locataires de l'appartement de Cheraga. Mais surtout la coiffeuse d'Hussein-Dey, numéro 2 du réseau totalement démantelé, et qui “pourvoyait” la clientèle. Au total, ce sont 10 personnes, qui formaient cette dangereuse filière, qui ont été appréhendées à l'issue de l'enquête confiée à la section de recherches (SRGN) relevant du groupement de la Gendarmerie nationale d'Alger qui vient de réussir un véritable coup de filet. Auto-transformés en médecins pour les besoins de la cause, l'homme et son épouse étaient également assistés par des intermédiaires alors que des personnes finançaient ces opérations. Des gens sans scrupules, issus de familles nobles et des jeunes filles issues des cités universitaires de la capitale, nous dit-on, étaient incriminées directement en qualité de clients dans cette filière qui s'adonnait à des opérations délicates mais aussi onéreuses, surtout que ces gestes médicaux prohibés s'effectuaient dans la totale discrétion et la clandestinité. Les enquêteurs n'ont laissé rien au hasard. Tous les renseignements et les indices ont été exploités alors que les personnes mises en cause ont également été “pistées” afin d'arriver à ce nid où la gynécologie et le crime faisaient bon ménage. Le procureur de la République a prononcé le mandat de dépôt pour 6 individus alors que 2 autres sont placés sous contrôle judiciaire. Le reste, à savoir deux personnes affiliées à ce réseau, feront l'objet d'une citation directe et comparaîtront devant la justice pour complicité et non-dénonciation de ces actes abjects. Mais l'enquête se poursuit à la lumière des nouveaux éléments d'informations détenues par la SRGN, à savoir la provenance du Cytotec (3 000 dinars l'unité), un comprimé qui aidait ces gens à faire avorter leurs clientes, âgées entre 22 et 32 ans. La dernière cliente, d'ailleurs sauvée par la SRGN, n'était âgée que de 19 ans. Originaire de Bachdjarah, celle-ci avait avalé 3 comprimés de Cytotec et a été évacuée vers un hôpital pour la mettre hors de danger. Le fournisseur principal, un infirmier du CTS Mustapha-Pacha avait avoué que ce médicament provenait de France alors que les enquêteurs doutent de cette piste. Au total, ce sont une douzaine de jeunes filles qui ont récemment avorté dans cette “clinique” qui exerçait depuis 3 ans. La fouille de la maison du propriétaire, commerçant dans l'habillement à Alger-Centre, a permis aux gendarmes de découvrir les outils utilisés lors d'opérations d'avortement, mais surtout de grandes quantités de draps maculés de sang. Ce qui renseigne sur les dégâts causés à d'autres clientes.