Entre 30 et 40 % des 2 000 séropositifs officiellement recensés ces dernières années dans la wilaya de Annaba, ne sont pas retournés au centre de référence pour se faire soigner, et représentent, entre autres, une véritable bombe à retardement, selon une source proche de ce dossier. Ces personnes, en majorité des hommes, ont littéralement paniqué dès qu'elles ont appris leur séropositivité, et de ce fait, n'ont pu bénéficier de la prise en charge psychologique prodiguée par les médecins dans ces cas, afin de dédramatiser la maladie et leur faire comprendre que cette dernière peut être combattue efficacement si elle est prise à temps. Cette défection ajoute à la gravité de la situation qui prévaut dans la wilaya en matière de sida, quand on sait qu'à elle seule, elle cumule le double du pourcentage (2 pour mille) de prévalence relevé jusqu'à présent au niveau national (un pour mille), selon une enquête d'Aniss effectuée sur un échantillon de femmes enceintes. Ajoutons qu'au niveau de la wilaya, et probablement tout l'Est du pays, seule l'association Aniss de lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles, se trouve sur le terrain pour aider, et surtout informer et sensibiliser les gens, dans une action portant essentiellement sur la prévention. Mais malheureusement, elle est composée d'une poignée de bénévoles, des médecins et d'étudiants qui travaillent durant leurs heures libres seulement. Notre source indique que, si l'Etat continue à fermer les yeux devant cette situation qui va en empirant, nous nous retrouverons, d'ici 5 ans, devant une pandémie nationale qu'il sera peut-être impossible d'endiguer. C'est le délai estimé pour pouvoir encore maîtriser, par des moyens adéquats, ce danger qui guette les citoyens de ce pays.