Claude Guéant, Michèle Alliot-Marie, Jean-Pierre Raffarin, Manuel Valls et François Hollande, des pointures de la classe politique française qui se sont succédé ces dernières semaines à Alger avec un seul mot à la bouche : “L'Algérie, un partenaire stratégique.” Avec ce ballet diplomatiqe, les observateurs se sont encore mis à croire à une “remise sur les rails” des relations entre Alger et Paris. Mais c'est compter sans le double discours de la droite au pouvoir qui doit montrer patte blanche à l'électorat de l'extrême droite en prévision de la présidentielle de 2012. Du coup,,,, c'est le recours à la vieille recette du spectre de l'immigration qui est agité. C'est tout le sens de la mesure annoncée lundi dernier par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, mis en demeure par son chef, le président Sarkozy, de faire du chiffre en intensifiant les expulsions des sans-papiers et en introduisant de nouvelles restrictions pour la délivrance de visas de court séjour. “Dans les prochaines semaines, je réunirai les préfets avec les consuls pour leur fixer mes priorités dans l'attribution des visas et leur demander d'être plus vigilants dans la délivrance des visas qui ne doivent pas être des passeports pour la clandestinité”, déclarait avant-hier le ministre français de l'Intérieur, qui sonnait ainsi la charge contre les boucs émissaires de la crise. Ce durcissement vise, entre autres, les Algériens, aussi bien ceux qui sont de l'autre côté de la Méditerranée en attente d'une régularisation que ceux d'ici qui se rendent régulièrement en France pour des raisons familiale, professionnelle ou pour des soins. Ce qui explique d'ailleurs la vive et légitime réaction de notre secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne établie à l'étranger. “Indéniablement, le message du ministre français pour la réduction des visas de court séjour et le durcissement des conditions de leur octroi a le mérite de la clarté”, avait déclaré Halim Benatallah. Pour ce dernier, les Algériens “ont des raisons légitimes de se déplacer en Europe”, ajoutant que “la question des visas de court séjour est cruciale pour les millions d'Algériens et de Maghrébins de bonne foi”. Et vraisemblablement, la réduction du quota de l'Algérie en matière de pêche de thon est la conséquence immédiate de ce durcissement. “Les fonctionnaires du ministère de la Pêche n'ont pas pu assister à la réunion de la Cicta (tenue du 17 au 27 novembre à Paris), car ils n'ont pas reçu leur visa à temps”, a indiqué hier sur les ondes de la radio, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Khenafou. “Nous avions introduit des demandes de visas en date du 10 novembre et nous n'avons reçu aucune réponse. Il se trouve que nous n'avons des problèmes de délivrance de visas qu'avec le consul de France. Nos demandes de visas (dans le cadre des missions) pour l'Espagne et l'Italie sont satisfaites au bout de trois jours”, a précisé le ministre dont les propos, hier sur les ondes de la radio, se veulent en fait un démenti au communiqué de l'ambassade de France. Cette dernière expliquait, mardi, qu'aucun dossier de demande de visa n'a été déposé par les responsables du ministère de la Pêche auprès du consulat français. “En liaison avec le ministère des Affaires étrangères algérien, les autorités diplomatiques et consulaires françaises traitent toujours dans les meilleurs délais les demandes de visas déposées par les membres des délégations officielles algériennes devant se rendre en France”, a encore précisé l'ambassade de France à Alger. Mais au-delà de la question de savoir qui dit vrai et qui dit faux dans cette affaire, dans laquelle l'Algérie a laissé des “écailles”, une chose est sûre : le durcissement dans l'octroi des visas va ramener encore les relations entre Alger et Paris à la case départ.