Les entreprises cotées interpellent les pouvoirs publics. “La Bourse d'Alger est en hibernation. Elle végète”. Le constat a été encore une fois rappelé par le président de la Commission de surveillance des opérations boursières. La situation de la Bourse est telle que des sociétés émettrices, à l'image de Saïdal, propose le gel des cotations “pour une durée de trois à quatre mois”. Le président-directeur général du groupe pharmaceutique demande au Trésor “de mettre la main à la poche en rachetant les actions” pour arrêter “le glissement de la valeur de l'action Saïdal” qui, au cas où elle atteigne “sa valeur critique”, risque de provoquer des répercussions négatives sur le capital social du groupe. Pourtant, la Bourse d'Alger était prédestinée à un bien meilleur avenir. Voilà une institution qui a démarré dans d'excellentes conditions. Les premiers appels publics à l'épargne avaient rencontré un vif succès. Le prix trop élevé des actions n'avait pas réussi à décourager les épargnants. Le succès des premières opérations recommandait, à l'évidence, la poursuite, sinon l'accélération, du processus d'introduction des entreprises en Bourse. D'autant que des sociétés, comme l'ENGI, Sochotyde, l'hôtel El-Djazaïr et les entreprises parapétrolières, réunissant les conditions d'accès devaient immédiatement suivre. Le processus est malheureusement suspendu depuis 1999. Aucune entreprise n'est venue s'ajouter au bien maigre portefeuille de la Bourse qui tourne avec seulement quatre titres, trois actions et une obligation (Sonatrach) qui touche à son terme. La sous-activité chronique de la Bourse n'est pas sans conséquence sur les entreprises émettrices. Selon le premier responsable de l'hôtel El-Aurassi, “c'est pénalisant d'être en Bourse”. “Nous payons très chère notre présence en Bourse”, soutient-il. Même la Bourse a souffert de la sous-alimentation du marché en titre. Pour le nouveau président d'Algérie Clearing (dépositaire central), “il faut régler le préjudice subi par les entreprises cotées actuellement en Bourse”. En tout état de cause, on annonce une rencontre entre les responsables des entreprises émettrices et le ministre des Finances. Mais d'ores et déjà le président de la Cosob n'est pas favorable à geler des cotations pour une durée de deux à trois mois, même s'il précise que cela est du ressort du ministère des Finances. M. Ali Sadmi se dit “partager leurs préoccupations”, mais il pense que “le gel des cotations, pour deux à trois mois, équivaut à la mort du marché”. Il y a, selon lui, d'autre solution que le gel. Le président de la commission de surveillance des opérations boursières parle “de revenir à une seule cotation par semaine”, pour amortir la chute des titres. Il a évoqué dans son intervention les modifications introduites dans le dispositif régissant la Bourse d'Alger. Pour rappel, le projet a été adopté récemment par le Conseil de gouvernement. Le nouveau texte, selon Ali Sadmi, clarifie le statut de la Cosob et renforce ses prérogatives. Il introduit le principe de création d'un dépositaire central. Au démarrage de la Bourse, la forme matérialisée de titre, sous forme de certificat d'action, avait été retenue. Cette procédure s'est avérée, par la pratique, complexe et onéreuse. À cela s'ajoutent les délais, jugés trop lents, dans les livraisons des titres négociés en Bourse, ainsi que dans le paiement des dividendes aux épargnants. La mise en place de ce dépositaire central permettra une meilleure gestion des titres sous différents aspects (dématérialisation et fluidité du marché) nous dit-on. Le texte adopté par le gouvernement prévoit aussi l‘élargissement de l'activité d'intermédiaires aux opérations boursières aux banques. Selon Sadmi, certaines incohérences ont été aussi levées. Il cite, comme exemple, la mise en place d'un compartiment pour les petites et moyennes entreprises, non autorisée actuellement. Avec la nouvelle loi, la Cosob est habilitée à le mettre en place. Concernant l'alimentation du marché en titres, Sadmi affirme qu'”il y a des parties qui travaillent pour l'introduction de titres plus attractifs”. C'est que, selon lui, le marché à titres est devenu, aujourd'hui, plus vendeur qu'acheteur. La redynamisation de la Bourse pourrait, peut-être, venir des obligations. Car, dira M. Sadmi, les obligations, contrairement à l'action, sont moins risquées et se gèrent facilement. M. R.