La ministre de la Culture a tenté de défendre son projet de loi, qui a créé une polémique au sein de la corporation cinématographique algérienne. “Le projet de loi sur le cinéma ne touchera pas à la liberté cinématographique ! Les propos rapportés ne sont pas vrais, il n'y aura pas de censure sur les œuvres des scénaristes”, a déclaré Khalida Toumi, ministre de la culture, hier, au sénat, lors de la séance de présentation du projet de loi portant sur le cinéma. "On financera tous les films sans exception. Ceux qui vont à l'encontre de nos principes seront refusés, notamment le rôle positif du colonialisme, l'apologie du terrorisme, le racisme, ainsi que les scénarios portant préjudice aux religions ", a-t-elle renchéri. Concernant, la liberté des cinéastes, la ministre a souhaité recevoir pour l'année 2012 qui coïncide avec le 60e anniversaire de l'indépendance "des films de toutes sortes (long et court métrage), traitant de la guerre de libération”. Durant cette séance plénière présidée par Abdelkader Bensalah, président du conseil de la nation, la ministre a tenté de défendre ce projet de loi, qui a créé une polémique au sein de la corporation cinématographique algérienne. " Le cinéma est un art mais aussi une production et une industrie, la loi aidera au développement du cinéma. Pour 2011, nous avons 11 projets cinématographiques qui rentrent dans le cadre de Tlemcen, capitale de la culture islamique ", a-t-elle dit. En outre, le projet de loi a été présenté en novembre dernier, dans le cadre du développement du cinéma et ses métiers. La ministre voudrait supprimer l'ordonnance de 1967 contenant "37 articles de loi non valables aujourd'hui”. Les membres du conseil présents ont fusillé la ministre de questions et de remarques sur la situation du 7e art dont le manque de salles de cinéma, le désintérêt du public, sur la baisse de production, le manque de moyens techniques et les films projetés à l'étranger et qui restent au placard en Algérie. Khalida Toumi a tenu tête en rétorquant qu'il "faut encourager et créer le cinéma à tout prix car c'est le miroir d'une société. Je veux faire travailler les jeunes diplômés et les chômeurs en leur offrant des formations pour gérer les salles de cinéma", a-t-elle affirmé. Dans cette optique, le ministère s'emploie à la restauration des salles à travers le territoire. Pour rappel, le pays compte 372 salles. Sur ce nombre, 227 appartenant aux autorités locales sont "fermées car les APC n'ont pas assez de moyens pour les entretenir", a-t-elle annoncé. Il y a 26 salles qui sont privées, et seulement 59 salles publiques. " Parmi ces 59, on compte 19 cinémathèques. Pour l'obtention des 40 salles, nous avons mis 4 ans. Pour avoir les 227, je crois qu'il faudrait attendre encore 20 ans”. Pour le désintérêt du public et le cas des films algériens projetés à l'étranger, Khalida Toumi a souligné que “la télévision n'est pas obligée de diffuser ces films. Mais si la télé ne le fait pas, qui le fera ?”. Au bout de deux heures trente de débat la ministre aura le verdict mercredi prochain pour l'adoption de ce projet de loi sur le cinéma.