Le chef du gouvernement britannique et le président américain ont-ils commis une erreur monumentale en attaquant l'Irak ? À voir les résultats des sondages de plus en plus défavorables pour les deux hommes, on est tenté de le croire. Si l'élection présidentielle est organisée maintenant aux Etats-Unis, George Bush sera battu par ses deux potentiels rivaux démocrates, le général Wesley Clark par 49 points contre 46 et John Kerry sur un score de 48 points contre 47. C'est ce qui ressort des deux derniers sondages d'opinion, qui démontrent que la cote de popularité du locataire de la Maison-Blanche est en chute libre. En effet, des 76% d'opinion favorable en avril dernier à la suite de la chute de Bagdad, George Bush est tombé à 53% en août dernier. Ils ne sont désormais que 50% des Américains à penser que l'intervention militaire en Irak n'était pas justifiée. Il apparaît clairement à travers ces chiffres que le second mandat de l'ex-gouverneur du Texas à Washington est loin d'être assuré. Outre la crise irakienne dans laquelle il s'est embourbé et qui semble prendre la tournure d'un autre Viêt-Nam, le président américain s'est empêtré dans une situation économique des plus catastrophiques. Le record de déficit budgétaire, dépassant de loin celui de son père, n'arrange point les choses pour Bush junior. À un an du rendez-vous électoral présidentiel, le chef de l'Etat américain a intérêt à mettre les bouchées doubles pour éviter d'être cloué au pilori par les démocrates, qui refont leur retard sans faire de bruit. Rien ne va plus également pour le chef du gouvernement britannique. Pour la première fois, le taux des mécontents a dépassé la moitié des habitants du Royaume-uni, en atteignant 53%. Là aussi, la baisse dans les sondages est vertigineuse. De 63% d'avis approuvant la guerre contre le régime de Saddam Hussein en avril 2003, ce chiffre a atteint 51% en juillet. L'affaire du suicide du scientifique David Kelly a sans aucun doute contribué à discréditer Tony Blair aux yeux de ses concitoyens. Les deux hommes qui se sont considérés au-dessus des lois en mars dernier, en prenant la décision de changer le régime d'un pays par la force, en dépit d'une majorité défavorable au sein de la communauté internationale, perdent graduellement de leur crédibilité. Leur présence à la tête de l'Exécutif de leurs pays respectifs sera considérée dorénavant comme très aléatoire. Les risques de les voir battus lors des prochains scrutins dans leurs pays sont réels. Le danger est imminent pour George Bush qui doit affronter l'année prochaine un adversaire démocrate. Ce parti en net regain de forme semble avoir trouvé le candidat idéal en la personne du général Wesley Clark, l'ex-commandant des forces américaines en Bosnie Herzégovine, pour vaincre le président en exercice. Ainsi, en six mois, un renversement de situation extraordinaire a mis au bas de l'échelle deux personnalités qui se croyaient hors d'atteinte tant leur confiance en eux-mêmes semblait ne pas avoir de limites. Ils sont loin d'avoir abdiqué, mais ils savent qu'ils ont intérêt à se racheter rapidement s'ils ne veulent pas quitter leurs fonctions par la petite porte. K. A.