Attaquant la dernière ligne droite de la campagne électorale, les deux candidats à la Maison-Blanche se livrent à une bataille acharnée où tous les coups sont permis. Grand perdant des débats télévisés avec son adversaire, George Walker Bush cherche à tout prix à regagner le terrain conquis par Kerry ces derniers jours. En effet, inquiété par sa régression dans les sondages, le républicain multiplie les attaques contre son rival dans l'espoir de stopper son ascension. Il faut dire que John Kerry a réalisé un véritable coup de maître lors des confrontations télévisées en inversant la tendance de la courbe qui lui était défavorable. Ses prestations lui ont valu la reconnaissance de grandes personnalités américaines, notamment universitaires et du monde de la presse. Hier, le très influent quotidien américain New York Times annonçait dans son éditorial sur son site internet qu'il appuyait le candidat démocrate. “Il a l'étoffe d'un grand chef”, écrit le journal qui justifie son choix par “on apprécie ce que l'on a vu de lui” et “ses grandes connaissances et sa pensée claire nous ont fait une forte impression”. C'est un atout de taille pour Kerry. Ceci étant, le sénateur du Massachusetts a commis un impair, mal accueilli dans son entourage, qui a quelque peu terni son image auprès des Américains lorsqu'il a fait référence dans une de ses interventions à la vie sexuelle de la fille du vice-président US, Dick Cheney, connue pour être une lesbienne. George Bush a lui aussi commis une gaffe monumentale samedi en Floride en parlant de l'armée des volontaires. S'emmêlant les pinceaux, le président semblait ne pas savoir s'il fallait avoir ou non une armée de volontaires. Pour montrer qu'il s'était totalement trompé, le locataire de la Maison-Blanche a fini par lâcher : “Les seuls politiques qui soutiennent un tel projet sont les démocrates et la meilleure façon d'éviter ceci est de voter pour moi.” Les deux postulants au bureau ovale s'acharnent depuis quelques jours à conquérir certains Etats du Middle West, notamment l'Ohio, dont les 27 électeurs ont toujours voté pour le président élu. Idem pour la Floride qui compte le même nombre d'électeurs, qui ont été déterminants dans l'élection de Bush en 2000. Ce dernier a conquis beaucoup de terrain dans cet Etat à travers l'annonce de déblocage rapide par le département d'Etat US de fonds destinés aux sinistrés touchés par les ouragans de l'été. Kerry de son côté en est à sa vingt-troisième tournée en Floride, montrant tout l'intérêt qu'il lui accorde. En attendant le 2 novembre prochain, les Américains sont on ne peut plus indécis sur cette élection présidentielle. Les derniers sondages donnent les deux hommes à égalité parfaite, avec 48% d'intentions de vote favorables chacun, contre 1% pour l'indépendant Ralph Nader et 3% d'indécis. De l'avis de tous les spécialistes des Etats-Unis, il s'agit là de la plus indécise élection présidentielle américaine depuis très longtemps, d'où l'impossibilité d'avancer un quelconque pronostic. K. A.