À peine un procès impliquant des douaniers terminé qu'un autre débute. Le tribunal correctionnel d'El-Harrach prononcera, aujourd'hui, son verdict dans l'affaire des détournements au service fret de l'aéroport d'Alger. Il procédera, également, à l'examen d'une nouvelle affaire impliquant d'autres douaniers. La réputation de ce délicat département est, une fois de plus, ternie par des comportements qui ne font pas honneur à leurs auteurs et porte atteintent non seulement aux Douanes algériennes mais à l'économie national. Le hasard a voulu que deux affaires complètement différentes mais impliquant des inspecteurs et des agents douaniers de l'aéroport international Houari-Boumediene soient enrôlées pour la même date. En effet, c'est ce matin que le tribunal correctionnel d'El-Harrach rendra son verdict dans l'affaire de trafic et détournement au service fret de l'aéroport international impliquant 19 personnes dont la majorité des douaniers. Et c'est ce matin également que pas moins de 17 autres douaniers dont des inspecteurs et des agents de contrôle au niveau de la PAF de l'aéroport d'Alger comparaîtront devant le même tribunal pour violation du code des douanes et des textes de loi relatifs à la lutte contre la contrebande en usant de leur poste de travail. Des dépassements et violations de la législation en vigueur contre des pots-de-vin face à des caméras qui enregistraient tout. Minute par minute. Les faits remontent à la soirée du 9 avril 2010, quand un inspecteur général des douanes de la section voyageurs à l'aéroport d'Alger a procédé à une inspection inopinée au niveau du couloir 2 du hall des arrivées. En arrivant aux toilettes femmes de cette zone sous contrôle douanier, il y découvrira 18 valises contenant des vêtements pour femmes. Une marchandise d'une valeur de près de 80 millions de centimes auxquels s'ajoutent des pénalités de près de 70 millions de centimes. “Cette marchandise n'a pas été signalée par les 16 agents douaniers en fonction ce soir-là.” Elle sera donc saisie. Le lendemain, le même inspecteur principal visionnera les enregistrements des caméras vidéo ; il s'avérera que les auteurs ne sont autres que certains agents douaniers en poste en ce 9 avril 2010. Pis, deux autres douaniers, l'un exerçant au port d'Alger et l'autre au sein de la brigade mobile de l'aéroport, étaient également sur les lieux. Suite à un rapport détaillé par l'inspecteur général des douanes, les 16 douaniers impliqués ont été sanctionnés et il a été mis fin à leurs fonctions avant de saisir, deux mois plus tard, le procureur de la République près le tribunal d'El-Harrach. Les dépassements du département des douanes de l'aéroport Houari-Boumediene ne s'arrêtent pas là et semblent avoir lieu à tous les niveaux. En effet, l'autre fait saillant de cette nouvelle affaire a trait à la politique de deux poids, deux mesures du département des douanes de l'aéroport Houari-Boumediene. La loi est appliquée dans toute sa rigueur pour certains mais complètement piétinée pour protéger d'autres. Selon les investigations de la Police judiciaire, deux douaniers impliqués, à savoir l'inspecteur principal, qui assume toute la responsabilité de ce qui se passe dans la zone douanière où lui et sa brigade étaient en service, et un autre agent. Pour camoufler l'affaire, le premier a été muté vers un autre service et l'autre n'a pas été cité. Ceci, alors que deux douaniers non impliqués ont été pointés du doigt et cités dans le rapport des douanes.