Les greffiers, qui poursuivent toujours leur grève, ont été remplacés hier par des huissiers de justice. Cette mesure a été considérée par les avocats d'“illégale”. Suite à quoi, Me Chérif Lakhlef , le représentant des avocats présents après une brève réunion avec les robes noires, se présenta à la barre devant le tribunal pénal et demanda à la présidente de la chambre correctionnelle de reporter toutes les audiences. “On ne peut pas plaidoyer devant un huissier de justice !” précise-t-il. La juge décide alors de reporter les affaires par dossier. “Et si un citoyen se présente pour demander à être jugé, on ne peut que suivre la procédure”, déclara-t-elle. Mais Me Lakhlef insiste sur le report de toutes les affaires, “sinon sans plaidoirie”. Il nous explique que la composition d'un tribunal consiste en le juge, le représentant du ministère public et le greffier. “Si un de ses membres est absent, rien ne fonctionne.” Il justifie le boycott par le devoir de “sauvegarder les droits des citoyens”. “il m'est impossible de plaider devant un huissier de justice, c'est un vice de forme.” Me Lakhlef précise encore que les jugements et les arrêts rendus par cette composition sont frappés de la nullité, surtout au niveau du tribunal pénal. Cette décision a été suivie par la plupart des avocats. Plusieurs affaires ont dû être reportées, hier, dont une affaire de détournement de deniers publics, corruption et bénéfice d'avantages injustifiés dont plus de 10 personnes sont poursuivies. Les familles des détenus ont exprimé leur colère quant au report des audiences pour le 20 mars prochain. “on veut en finir, le procès a été déjà reporté à deux reprises”, nous dira une maman dont le fils est détenu. Du côté des greffiers grévistes, la grève est maintenue malgré les menaces de la tutelle qui a envoyé une instruction aux procureurs généraux au niveau des cours afin de les informer qu'“ils doivent assumer leur responsabilité dans cette grève et que des mesures administratives seront prises à leur encontre”. Rassemblés hier à la cour d'Alger, ils disent qu'ils poursuivront leur arrêt de travail jusqu'à la satisfaction de leurs revendications et menacent même de boycotter l'examen interne du 26 février prochain des greffiers à la Cour suprême et le Conseil d'Etat qui rejoint aussi le mouvement de la grève. Dans leur plate-forme de revendications, ils demandent l'augmentation de leur salaire, l'instauration d'une nouvelle réglementation pour les personnels de la justice en dehors du secteur public, revoir les conditions des avantages sociaux, la création d'un service de médecine du travail, élargir le droit de bénéficier de logements de fonction pour les fonctionnaires de la justice.