Par son discours toujours intransigeant à l'égard des joueurs, son art d'esquiver la presse ou de dissimuler sa personnalité derrière des propos convenus, le manager général de Marseille, Alain Perrin, cristallise la controverse malgré les bons résultats du club français de football obtenus depuis son arrivée. Il a suffi qu'il refuse toute déclaration publique depuis samedi et la victoire à l'arraché contre Nice (2-1) pour que le débat monte encore d'un cran, à la veille d'affronter le Partizan Belgrade en Ligue des champions. Contre les Aiglons, il a laissé, après la rencontre mais aussi dans les vestiaires à la mi-temps, la parole à ses joueurs qui ont fait leur mea-culpa après une première période catastrophique. Une fois de plus, ces signes extérieurs de raidissement apparaissent au moment d'humer l'air de la compétition européenne. La C1 est l'objectif majeur de l'OM, qui espère en retirer au moins 15 millions d'euros de recettes et un lifting de son image. Les premières passes d'armes ont eu lieu à Vienne le 16 août. Malgré une victoire 1-0 devant l'Austria en match aller du tour préliminaire, Perrin passa un sacré savon à ses joueurs. Dans la presse aussi. Les joueurs dirent leur incompréhension. Même discours cassant après la défaite le 16 septembre à Madrid contre l'intouchable Real (4-2) : “Nous avons joué avec la peur. Nous n'avons pas été au niveau”, avait alors déclaré un homme que l'on avait senti plus détendu depuis la qualification contre Vienne. Une timide objection des joueurs fit écho à cette réprimande madrilène. Comme s'ils osaient témoigner un début d'agacement, estimant que leur entraîneur rechignait à endosser lui-même publiquement certaines responsabilités tactiques. “Nous n'avons pas eu peur. Nous avons simplement fait notre possible contre la meilleure équipe au monde”, affirme par exemple le gardien Vedran Runje, fustigé de retour à Marseille par son coach pour des propos plus critiques dans le magazine France Football. En laissant ses joueurs s'exprimer samedi, Perrin n'a peut-être pas si mal calculé. En s'épargnant un nouveau coup de gueule, il s'est sans doute distancié, jusqu'à nouvel ordre, de sa réputation d'homme dur.