Le collectif autonome des médecins résidents algériens vient de naître. Cette organisation syndicale a organisé, hier, des sit-in au sein de l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger, et dans tous les CHU du pays. Le mouvement se donne pour mission de faire entendre la voix des médecins résidents qui affirment ne pas savoir à quelle porte frapper. “Nous sommes un mouvement apolitique. Nous sommes ici pour faire entendre la voix des médecins résidents algériens et faire connaître l'angoisse et le malaise dans lesquels nous travaillons”, a signifié le Dr Mohamed Sahnoun, un des membres du collectif. “Nous avons réuni 2 500 signatures, d'une part, pour attester de notre représentativité et, d'autre part, pour soutenir notre plateforme de revendications”. Suite aux différentes réunions, le collectif a abouti à trois principales revendications à porter auprès des responsables concernés. La première est liée au service civil qui, selon eux, “a démontré ses limites”. Les médecins résidents jugent, donc, qu'il est temps de l'abroger. “Nous demandons l'abrogation du service civil, car il a démontré son inefficacité. Il faut savoir que si nous restons dans cette logique, le médecin ne pourra pas s'investir complètement dans son travail. Si vous envoyez un praticien exercer au sud durant une année, vous le poussez à avoir pour seul souci de terminer cette période pour revenir au nord”, a expliqué le Dr Sahnoun. Ainsi, les médecins résidents proposent un plan de carrière avec des motivations et des avantages pour encourager le praticien à s'installer au Sud. Les protestataires demandent, également, l'ouverture de postes budgétaires dans toutes les wilayas du pays. La seconde revendication concerne le service national. Les résidents revendiquent leur droit à bénéficier d'une dispense du service national à partir d'un certain âge. Ils demandent, aussi, de bénéficier des mesures prises par les autorités concernant la dispense du service national. Pour les résidents, l'obligation du service militaire à tout âge est la principale raison de l'exode des médecins, ce qui fait que chaque année l'Algérie perd 10% de médecins spécialistes. Pour seule la capitale, sur 1 000 médecins, 200 sont déjà partis, selon eux, alors qu'ils seraient 2 000 cardiologues à avoir quitté le pays pour aller exercer à l'étranger. Mais la saignée touche, disent-ils, toutes les spécialités. La dernière revendication est relative au statut du résident dont le collectif demande la révision, tout en exigeant que soit respecté le droit syndical, et une refonte de la gestion du droit au congé de maternité et des accidents de travail. Les protestataires revendiquent une réévaluation de la rémunération au motif, d'une part, de la lourde charge de travail du résident et, d'autre part, de la faiblesse de la prime de garde qui doit être élevée à hauteur de 4 000 DA au lieu des actuels 690 DA. L'appel du collectif a été fortement suivi, où près de mille résidents ont répondu à l'appel. Munis de leurs pancartes et en blouse blanche, les résidents n'ont pas caché leur colère. “La médecine m'a fatigué et l'administration m'a achevé” ; “31 920 DA, un salaire minable pour un métier noble” ; “halte au ministre”, peut-on lire sur les pancartes. Les protestataires scandaient “résidents en colère” ; “médecins en colère”. Une marche a été tenue au sein de l'établissement. Il y a lieu de noter qu'aucun dispositif de sécurité n'a été mis en place et aucun policier n'était présent sur les lieux, autres que la sécurité de l'hôpital.