Les journalistes ayant assisté à la conférence de presse de Zerhouni, hier, au siège de la wilaya, ont été ébahis d'entendre le montant de la cagnote octroyée par le président Bouteflika à cette wilaya. En effet, pas moins de 840 milliards de centimes ont été débloqués par le Président aux autorités locales pour mener les projets en cours et en lancer d'autres. Soulignant tout de go que c'est l'enveloppe la plus importante jamais distribuée dans aucune autre wilaya, à l'exception de celles de Kabylie qui ont bénéficié de 2 000 milliards de centimes répartis entre Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. Sauf que pour ces trois wilayas, le ministre lui-même avait expliqué que ce montant était un rattrapage, puisque ces régions n'ont pas pris leurs quote-parts depuis l'éclatement des émeutes en 2001. C'est-à-dire qu'il n'y a pas lieu de faire la comparaison et que l'enveloppe accordée à Batna est sans commune mesure avec celles distribuées dans toutes les villes visitées par le Président. De fait, cet incroyable effort financier supplémentaire de Bouteflika en direction de cette wilaya ne peut s'expliquer par un soudain accès de générosité envers une ville au demeurant moins souffrante que d'autres villes du pays. Les raisons sont à chercher ailleurs dans cette région qui a la particularité d'être la ville natale de beaucoup de pontes du régime et des généraux en activité ou à la retraite. Il est difficile, en effet, de ne pas y voir une façon bien subtile de Bouteflika d'acheter les soutiens dans le pays de Ali Benflis, son virtuel concurrent dans la course à la magistrature suprême. En déversant une telle manne dans les caisses de la capitale des Aurès, au demeurant parsemée de poches de pauvreté, Bouteflika ne cache pas sa volonté de garder “la fidélité des habitants des Aurès” et de rogner sur l'électorat potentiel de Benflis. Mais, ne dit-on que l'argent n'a pas d'odeur ? H. M.