L'une des premières personnalités à monter au créneau pour voter non à la nouvelle Constitution n'est autre qu'Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères, secrétaire général de la Ligue arabe en exercice et potentiel candidat à la prochaine élection présidentielle. Les égyptiens sont conviés à se rendre aux urnes, aujourd'hui, pour se prononcer sur les amendements apportés à la Constitution. L'armée, dépositaire du pouvoir depuis le départ de l'ancien président Hosni Moubarak, organise un référendum sur le sujet cinq semaines à peine après la chute du raïs. Elle espère que les changements préconisés permettront d'organiser dans les prochains mois des élections législatives et présidentielles et revenir, ainsi, à un régime civil dans les meilleurs délais. Les amendements proposés portent essentiellement sur la limitation à deux mandats de quatre ans pour le président de la République et l'assouplissement des conditions à remplir pour les futurs candidats. Mais, exception faite de la confrérie des Frères musulmans qui appellent à voter oui, le reste de l'opposition est unanime à rejeter la mouture soumise à référendum, considérant qu'elle n'est pas suffisamment amendée et qu'elle ressemble trop à la Constitution qui a prévalu jusqu'ici et suspendue par l'autorité militaire au pouvoir. L'une des premières personnalités à monter au créneau pour voter non à la nouvelle constitution n'est autre qu'Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères, secrétaire général de la Ligue arabe en exercice et potentiel candidat à la prochaine élection présidentielle. “Rejeter les changements constitutionnels est la bonne décision à prendre pour les électeurs qui se rendront aux urnes”, a déclaré le septuagénaire, qui s'est solidarisé très tôt avec l'opposition à Moubarak lors du soulèvement populaire qui a conduit à la chute de ce dernier. Les changements proposés “ne répondent pas aux ambitions du peuple égyptien qui rêve d'une ère démocratique” après plus de trente ans de régime despotique, a-t-il précisé, ajoutant qu' “un vote positif lors du référendum de samedi permettrait, en maintenant l'essentiel de l'ancienne Constitution, au chef de l'état de garder de vastes pouvoirs dont profitait le président déchu, et (signifierait) donc courir le risque de retrouver un régime analogue”. Garder l'ancienne Constitution “donnerait au futur président de vastes pouvoirs, ce à quoi le peuple s'oppose dans sa quête de démocratie, de liberté et de refus de revenir à l'ancien ordre des choses”, a-t-il insisté. Plusieurs partis et mouvements d'opposition sont sur la même position et estiment que le référendum est organisé à la hâte. Si l'on excepte les Frères musulmans, premiers bénéficiaires de la révolte égyptienne en ce sens qu'ils sont de facto réintégrés dans le jeu politique après plusieurs années d'interdiction, le reste de l'opposition s'est montré plus que réticent et votera massivement contre le projet présenté par l'autorité militaire. Le rejet du projet n'est donc pas à exclure, si toutefois le référendum se passe dans des conditions d'honnêteté et de transparence suffisantes. Ce serait une première dans un pays arabe et une manière hautement symbolique d'inaugurer une ère post-révolutionnaire chargée d'espoirs mais semée d'embûches. Ce sera aussi un test grandeur nature pour mesurer le poids réel de la confrérie des Frères musulmans qui, pour l'occasion, se trouvent dans la position d'alliés objectifs du pouvoir.