L'Afrique, en dépit de la richesse de ses ressources naturelles et de la jeunesse de sa population, souffre de plusieurs contraintes socioéconomiques, à même de freiner son processus du développement économique. La solution consiste à permettre au continent de promouvoir des industries compétitives à même de garantir un développement durable aux populations africaines. Dans la perspective de mieux appréhender cette démarche, quelque 300 fonctionnaires et experts africains prennent part depuis dimanche à la 19e édition de la Conférence africaine des ministres de l'Industrie (Cami) qui s'est ouverte hier à Alger. Placée sous le thème “promotion de la compétitivité des industries africaines par l'augmentation et l'amélioration de la valeur ajoutée”, cette conférence de deux jours enregistre la participation des représentants de l'Union africaine (UA), de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) et de la Commission européenne. La Cami constituera une plate-forme pour la mise en œuvre effective et efficace du plan d'action pour le développement industriel accéléré du continent (Aida). Au cours de son allocution, le ministre du Commerce et de l'Industrie d'Afrique du Sud, Rob Davies, président sortant de la Cami, a mis en évidence les défis du développement pour l'Afrique qui représente 10% de la population mondiale, mais aussi 30% des pauvres de la planète. Selon lui, les circonstances actuelles, avec la nouvelle configuration de l'économie mondiale, font que le développement industriel est une opportunité à ne pas rater. Revenant sur le programme Aida, Rob Davies déplore la faible participation des Etats, ce qui engendre des retards dans les programmes. Les mises en œuvre, on en parle beaucoup, mais sur le terrain cela tarde à se concrétiser, a-t-il ajouté. Allant dans le même sens, K. Yumkella, directeur général de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), a indiqué que l'industrialisation est un élément-clé du développement, mais cela ne peut se faire sans changement structurel. Sans l'industrie et le commerce de produits à valeur ajoutée, nous resterons pauvres, a précisé le DG de l'Onudi qui a conclu en affirmant que “le temps est contre nous”. La réunion ministérielle devait procéder à l'examen du rapport de la réunion des hauts fonctionnaires. Cette réunion, qui a débuté dimanche dernier, a élaboré une série de recommandations avec notamment des recommandations qui touchent le volet des investissements et de la finance. Il en ressort ainsi que les hauts fonctionnaires recommandent d'encourager les banques à offrir des lignes de crédit et autres instruments financiers tels que les garanties pour soutenir la formation de chaînes de valeur régionales dans des secteurs stratégiques pour l'Afrique. Mettre en place une caisse de compensation africaine pour prendre en charge les surcoûts induits par la mise en œuvre du principe de la préférence africaine. Développer une caisse africaine de garanties des investissements associant la caisse de garanties des pays membres. Il a aussi été question dans les recommandations de la promotion des échanges commerciaux, de fiscalité et de l'harmonisation des normes et des régimes douaniers. Instituée en 1975, la Cami qui se tient tous les deux ans dans un des pays membres de l'Union africaine (UA) sert de forum où les dirigeants africains et leurs partenaires se rencontrent pour discuter et examiner les avancées de l'industrialisation du continent. Saïd Smati