Hier matin, scène incroyable devant la direction du CHUO où près d'une trentaine de malades, hommes et femmes, atteints de cancer et en cours de traitement de chimiothérapie et radiothérapie, protestaient contre l'annulation à répétition de leurs séances de soins. En effet, les malades dont certains trop faibles parvenaient à peine à tenir debout, nous ont expliqué que les deux appareils de radiothérapie sont en panne, le premier depuis 15 jours et le second depuis une semaine. “Cela fait plusieurs fois qu'on vient pour nos séances de radiothérapie et on nous renvoie parce que les appareils ne marchent pas ! Nous ne bougerons pas d'ici jusqu'à ce que le directeur fasse le nécessaire pour nos séances. Nous souffrons de cancer et on nous traite comme des moins que rien. Ils se moquent de nous. Dans cet hôpital, il n'y a pas de rahma”, explique une des malades. La plupart de ces patients viennent des wilayas de l'intérieur du pays comme El-Bayadh, Béchar, Chlef, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Mascara puisque pour tout l'Ouest et le Sud-Ouest, seule Oran dispose d'un service de radiothérapie pour la prise en charge des malades atteints de cancer. Un homme visiblement outré devant l'absence d'interlocuteurs administratif ou médical pour l'écouter, s'insurge : “Il y a trop de mépris envers nous les cancéreux. Allez voir comment est le service. Tout est tombé en ruine. La salle d'attente est répugnante et les locaux sentent mauvais. Voilà comment on traite les malades.” à cet instant, ce dernier n'en pouvant plus, se met à crier : “Allez-y ! Tuez-nous. On n'est pas mieux que des chiens !” Le drame de ces cancéreux, qui luttent contre la maladie, c'est l'arrêt de leurs séances de radiothérapie et chimiothérapie qui remet en cause du coup tout leur protocole et leurs espoirs de vaincre le cancer. Au CHUO, et en l'absence du DG et du SG, un chargé de communication accusera les médecins résidents en grève d'être à l'origine de l'annulation des séances de radiothérapie, ce qui a failli dégénérer puisque des résidents sont venus au-devant des malades et expliquer que cette situation n'était pas de leur fait. Finalement, un responsable du service finances, seul interlocuteur que nous avons pu avoir, nous a confirmé que les appareils étaient bien en panne depuis plus de 15 jours et que tout rentrerait dans l'ordre dans la journée avec la venue d'un technicien. Sur ce, les malades ont été sommés de libérer l'accès de la direction du CHUO et de retourner au service pour reprendre leurs séances. Mais, malheureusement, une fois sur place, les malades constatent que les appareils étaient toujours en panne et aucun des malades n'a été pris en charge sauf pour renouveler le traçage servant de ciblage pour les rayons. LOUKIL D.