Le procédé est désormais classique : quelques dizaines de personnes se regroupent sur l'une des placettes du 1er-Mai, la police les encercle et les empêche de marcher vers la place des Martyrs tel qu'il a été souvent décidé. Pour la neuvième fois de suite, la marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie a été empêchée hier par la police de Daho Ould Kablia, mobilisée dès les premières heures de la matinée. Autour de “l'irréductible” et infatigable militant des droits de l'Homme, Me Ali Yahia Abdenour, dont les cheveux grisonnants contrastent avec la fougue de l'homme, une trentaine de personnes environ, parmi lesquelles on pouvait distinguer des députés du RCD, notamment l'avocat Me Saheb et Mme Sadat, des responsables du PLD (non agréé), M. Moulay Chentouf, Yacine Teguia (MDS), Azwaw Hadj Hamou d'AVO-88 et Omar Abed du Collectif des victimes d'El Khalifa, mais en l'absence de Saïd Sadi, ils ont tenté de battre le pavé, aux alentours de 11 heures, de la place du 1er-Mai à la place des Martyrs, selon l'itinéraire arrêté. Mais leur résolution n'a pas eu raison de l'intransigeance des policiers qui ont quadrillé toutes les placettes par des barrières métalliques et se sont déployés en force, notamment dans les ruelles des alentours, même si par endroit, ils se sont montrés quelque peu discrets. Comme de coutume, on a recouru aux mêmes méthodes : encerclement du groupe pour l'empêcher de progresser. Une entrave qui n'a pas pour autant dissuadé ces irréductibles de clamer tout haut leurs revendications. “Echaâb yourid isqat ennidham” (le peuple veut la chute du régime, “Bouteflika, Ouyahia, houkouma irhabia” (Bouteflika, Ouyahia, gouvernement terroriste). D'autres cibles en ont eu pour leur grade, notamment les deux journaux arabophones Echourouk et Ennahar dont le lynchage systématique de la CNCD et particulièrement de Saïd Sadi, président du RCD, est érigé en ligne éditoriale. Echourouk, Ennahar, djaraid el-âar (journaux de la honte). Sur quelques pancartes brandies, on pouvait lire également “système dégage”. Face à des policiers qui semblaient hésiter entre la tentation de charger et la peur d'une bévue, un jeune lance : “Je ne suis d'aucun parti, mais nous ne sommes pas des tubes digestifs. On veut le changement.” Une heure plus tard, ce groupe se disperse sous l'œil curieux des passants dont certains n'hésitent pas à lancer des quolibets et autres propos racistes. Au sein des contestataires, on n'a pas manqué de s'interroger s'il faut continuer ou adopter d'autres méthodes de contestation… Karim Kebir