L'agrumiculture a été, hier, au centre d'une journée technique et scientifique organisée par la société ACI au niveau de son exploitation Garden à Chéraga, en présence de représentants du ministère de l'agriculture et du développement rural, de chercheurs universitaires algériens et étrangers, d'experts et d'investisseurs. Une journée rehaussée également par la présence de Son excellence l'ambassadrice du royaume de Suède à Alger, Mme Eva Emnéus, venue pour assister au chargement de plus de quinze tonnes d'oranges à destination de son pays. “C'est la première fois que nous exportons des oranges vers la Suède”, dira dans ce sens Rabah Allam, P-DG de ACI, lors de son intervention, faisant savoir que l'exportation des agrumes, à l'arrêt depuis des décennies, est en butte au problème d'investissements. “Nous devons impérativement passer de l'archaïque à la production industrielle”, souligne-t-il. Il rappellera, à cet effet, que la filière est en régression puisque notre pays est passé de statut d'exportateur jusque vers la fin des années 1970 à celui d'importateur. “L'Algérie est arrivée à exporter plus de 400 000 tonnes d'oranges dans les années 1950. La dernière exportation, qui remonte au début des années 1980, était de 125 000 tonnes. Puis plus rien.” Plus optimiste, il fera remarquer que les potentialités sont sauvegardées pour assurer une agrumiculture moderne capable de satisfaire qualitativement et quantitativement les marchés intérieur et extérieur. De son côté, M. Henni, représentant du ministre de l'agriculture, a déclaré que l'agrumiculture constitue une filière importante dans la production agricole. “La surface réservée actuellement à cette filière est de 640 000 ha et les prévisions sont à la hausse avec 840 000 ha”, rassure le représentant du Madr, avant de donner les raisons de ce recul de production, lié, selon lui, à la vieillesse des vergers dont 20 000 ont plus de 50 ans, l'indisponibilité des ressources hydriques et une agriculture semi-archaïque. “La relance de cette filière, fera savoir l'intervenant, permettra tout d'abord de satisfaire la demande locale, la création d'emplois directs, dont 40 000 permanents, et dans une seconde étape la prise en charge de l'exportation. Le programme inscrit au plan quinquennal actuel prévoit l'extension des vergers, le remplacement des vieilles plantations, le recours aux techniques modernes, la mise en synergie de tous les facteurs, la mise en place des comités interprofessionnels, l'amélioration de la qualité, et bien sûr nous profitons de l'occasion d'aujourd'hui pour dire que nous saluons toutes les initiatives d'exportations”. Pour M. Mendil, DG de l'institut technique de l'arboriculture fruitière (Itaf), il faut sortir de la dualité local/exportation, car il y a un seul marché concernant les deux catégories. “La conjoncture mondiale impose; aujourd'hui, l'amélioration de la production qu'elle soit destinée à la consommation locale ou internationale. Aussi est-il préconisé de protéger la production en amont, et surtout savoir ce qu'on veut faire”, fera noter le conférencier. Et c'est dans ce cadre que M. L. Rabhi, chef de département à l'Itaf, développera son exposé sur les grandes orientations de l'agrumiculture en Algérie. La situation actuelle fait ressortir que l'agrumiculture n'occupe que 0,7% de la surface agricole utile, soit 6,3% de la surface arboricole, ce qui se traduit par 63 861 ha dont 54 801 ha sont en rapport pour les structures variétales oranges, clémentines, mandarines, citrons, pomélos. L'analyse faite par le responsable fait apparaître une prédominance des variétés précoces, une faiblesse des variétés de saison, une faiblesse des superficies des variétés tardives, une faiblesse des superficies réservées au citronnés et pomélos. Avec une production en 2010 de 6 420 000 q d'oranges, 468 000 q de clémentines, 325 631q de mandarines, 91 900 q de citrons et 14 500 q de pomélos, le constat montre, selon l'intervenant, que le verger traditionnel est relativement âgé. Pour preuve, le rendement de 197 t/ha reste faible. La destination de la production est à 98% locale. Le cadre de l'Itaf souligne que les contraintes majeures sont dues au problème du foncier, la faiblesse d'intégration des différents segments de la filière, la mauvaise gestion des ressources hydriques, vieillissement du verger, contraintes techniques liées à des entretiens par l'application de l'itinéraire technique d'où la nécessité d'utiliser des bonnes pratiques. Quelle stratégie et comment intervenir ? s'interroge le conférencier. Pour lui, “il y a lieu d'améliorer la qualité du produit, assurer la disponibilité des fruits frais par un étalement de la gamme. De même qu'il apparaît judicieux de faire appel à une gestion des propositions raisonnées de l'irrigation, d'adopter un programme de développement concerté, de faire un choix des zones et communes de développement et enfin un choix du matériel adéquat”. L'intervenant termine par donner un programme de propositions pour 2014/2015 s'articulant sur l'amélioration des rendements de la production de 187 à 250 q/ha, l'arrachage des vieilles plantations, l'extension du verger à 13 000 ha, équipement en système de fertigation sur 13 000 ha. Tour à tour, Joseph Bové, Nuria Duran-Vila, respectivement professeur de microbiologie à l'INRA de Bordeaux II et directrice des Viroïdes à l'institut de valence (Espagne) ont eu à exposer sur les maladies infectieuses des agrumes. ALI FARÈS